Nous avons vu que l'importance accordée par Platon à « l'idée » du beau aurait pu le conduire à célébrer l'effort des artistes pour rendre manifeste la beauté en soi, pour faire apparaître quelque chose de son essence. Las, pour Platon les artistes se fourvoient dans l'imitation, non de la réalité en soi mais des apparences sensibles et leurs oeuvres sont ainsi éloignées au troisième degré de la réalité (...)
[...] Donc cette beauté était dans l'art, et de beaucoup supérieure. C'est ensuite que l'art fait apparaître une beauté plus purement belle que celles des choses belles. Méprise-t-on les arts parce qu'ils ne créent que des images de la nature, disons d'abord que les choses naturelles, elles aussi, sont des images de choses différentes ; et sachons bien ensuite que les arts n'imitent pas directement les objets visibles, mais remontent aux raisons d'où est issu l'objet naturel ; ajoutons qu'ils font bien des choses d'eux-mêmes : ils suppléent aux défauts des choses, parce qu'ils possèdent la beauté : Phidias fit son Zeus, sans égard à aucun modèle sensible ; il l'imagina tel qu'il serait, s'il consentait à paraître à nos regards. [...]
[...] J.-C., la statue monumentale (12 m de haut) est l'œuvre de Phidias, l'auteur des frises du Parthénon. Si nous en avons de nombreuses descriptions, aucune copie de la statue, disparue en 461 dans un incendie à Constantinople où elle avait été transportée, ne nous est parvenue rappelons que la pyramide de Kheops est la seule des sept merveilles du monde que nous pouvons encore admirer. L'idée selon laquelle la représentation du divin oblige l'artiste à surpasser en beauté les apparences naturelles se retrouve dans l'anecdote à propos du peintre Zeuxis que rapporte Pline l'Ancien : Devant exécuter pour les Agrigentins un tableau destiné à être consacré dans le temple de Junon Lacinienne, il examina leurs jeunes filles nues, et en choisit cinq, pour peindre d'après elles ce que chacune avait de plus beau. [...]
[...] Cause de toutes les autres essences, le Bien est lui-même essence et comme tel, il est intelligible, même si étant en même temps la source de l'intelligibilité des autres essences, il est ce qui se comprend en dernier et avec peine. Pourtant, Platon n'est pas toujours si affirmatif. Ainsi, il déclare au contraire que le Bien n'est pas une essence mais Quelque chose qui dépasse de loin l'essence en majesté et en puissance. Au-delà de l'essence (épékeina tès ousias) : cette formule énigmatique résume à elle seule le néoplatonisme et lui donne son inspiration initiale. Le principe de toute chose, le Bien, que Plotin rebaptise l'Un, ne saurait être lui-même une essence. [...]
[...] à bien des égards, Plotin synthétise et accomplit la philosophie grecque tout entière. Pourtant, l'œuvre de Plotin témoigne également de caractéristiques singulières qui semblent davantage en rupture avec la tradition grecque qu'elles ne paraissent la continuer. Pour l'essentiel, la rupture tient à ceci que Plotin, au contraire de tous ses prédécesseurs, valorise la notion d'infini. Dans la tradition de la philosophie grecque, l'infini n'est rien de positif ; c'est un manque, une marque d'inachèvement et d'imperfection. Au contraire, pour Plotin, l'infini, compris non seulement comme absence de détermination mais encore comme ce qui dépasse toute détermination, n'est pas forcément une marque d'infériorité. [...]
[...] Plotin ou la beauté des arts Pour commencer Plotin est né en 205 à Lycopolis en Égypte. Nous savons qu'il a été élève à Alexandrie, de 232 à 243, d'un maître mystérieux, Ammonios Saccas, qui l'aurait initié aux sagesses orientales. Plotin le quitte pour accompagner l'empereur Gordien dans une campagne qui le mène jusqu'aux confins de la Perse et qui a été l'occasion pour lui de parfaire ses connaissances en la matière. En 245, Plotin est à Rome et y restera jusqu'à sa mort en 270. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture