Plaisir, souffrance, psychisme, ambivalences, corps à corps avec soi et avec l'autre, événement irrécusable
On voit à quel point le psychisme est marqué par des ambivalences : « toute
intention psychologique provoque dans son surgissement l'éveil de la tendance contraire » (Mounier, Traité du caractère). Comme on peut souvent l'observer, les traits de caractère affichés sont le masque d'une attitude déniée, la brutalité cache une tendresse rebutée, etc. Le plaisir ne semble pas devoir l'emporter naturellement sur la souffrance. Le privilège accordé au plaisir ne doit pas méconnaître la fascination nécessairement exercée par la douleur, qui est « de tous les états de conscience celui qui peut devenir le plus intense et le plus aigu » (Lavelle, Le mal et la souffrance). À l'état indifférent, le sujet fait corps avec son milieu, il y adhère sans restriction, il est à peine un sujet.
[...] Quand l'amour de la mère érotise l'enfant, celui-ci se trouve d'abord passif : à la force du sein, des caresses et soins corporels, des chansons, son corps est magnifié comme le beau phallus qui lui manque Mais l'enfant rejette à chaque instant cet excès qui l'étouffe quitte à l'accepter à nouveau avidement emporté dès lors dans le mouvement circulaire du passif à l'actif, cher chant à dévorer pour éviter d'être dévoré, il s'emploie à l'auto-érotisme, l'enfant se fait jouir luimême : il se sauve en se prenant lui-même à son tour comme un objet ; le moment actif libère l'enfant de sa position d'Etre le phallus, et c'est à ce moment qu'il peut l'Avoir (Pommier, Que veut dire «faire l'amour Ayant rompu le cercle de l'aliénation maternelle, ce sujet du sexuel trébuche aussitôt sur la culpabilité. Il rencontre l'angoisse, celle de la castration de sa mère : il la découvre puisqu'il la quitte. Plus généralement, c'est tout le processus de culture qui implique la répression des pulsions. [...]
[...] Le plaisir est un corps à corps avec soi et avec l'autre. Rien ne le montre mieux que le passage à l'amour. L'amour ne provient pas de l'appréhension d'un idéal, il suit le destin de la pulsion, qui revendique de s'emparer de son objet, quel qu'il soit. Il conserve de la pulsion quelque chose de sauvage. Mais la rencontre amoureuse prolonge de façon paradoxale le mouvement de la pulsion d'emprise : l'être aimé fait obstacle à la pulsion, il résiste indéfiniment à la prise de sorte que l'amour le plus simple porte en lui jusqu'à l'idée du meurtre de l'autre. [...]
[...] Pour en rendre compte, Levinas tente une phénoménologie de l'éros. Tout autre impose au sujet son altérité absolue. Quant au féminin, il se manifeste nécessairement dans une vulnérabilité supplémentaire qu'on peut appeler le régime du tendre à la fois extrême évanescence et matérialité paroxystique, exhibition de ce qui, en se montrant, n'apporte pas avec soi une signification : pudeur d 'un secret inaccessible que révèle précisément le regard. [...]
[...] Dans la représentation freudienne, l'instance psychique qui soutient cette fonction est opposé au ça et au moi - le surmoi. Le surmoi fait valoir ses exigences même dans les rêves et dans l'imaginaire. Il surgit à l'encontre du principe de plaisir, et installe dans le psychisme des mécanismes de punition, même contre les crimes commis en pensée plus qu'en acte. Le surmoi fonctionne comme une instance légale qui sanctionne les transgressions, et pour cela insinue la torture jusqu'au plus intime, commande d'être inquiet, exige des satisfactions qui ne sont vraiment semblables ni au besoin naturel, ni à la demande adressée à autrui. [...]
[...] Y a-t-il du plaisir sans souffrance ? Dans le plaisir, le sujet désirant aspire à s'ajuster au monde On voit à quel point le psychisme est marqué par des ambivalences : toute intention psychologique provoque dans son surgissement l'éveil de la ten dance contraire (Mounier, Traité du caractère). Comme on peut souvent l'observer, les traits de caractère affichés sont le masque d'une attitude déniée, la brutalité cache une tendresse rebutée, etc. Le plaisir ne semble pas devoir l'emporter naturellement sur la souffrance. [...]
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