Mallarmé, plaisir, plaisir épuisé, plaisir dépassé, chair, quête des plaisirs, ordre des émotions
Ce qui désespère Mallarmé, c'est que le plaisir n'ait pas de mémoire.
Cet ennui, cette lassitude devant les objets du plaisir révèlent le délitement de la mémoire du plaisir vécu, on entendrait presque l'auteur ajouter « la chair... encore ! Les livres... encore ! ». Ce « encore » qui est d'ordinaire ce qui montre le plaisir réussi qu'il faut réitérer, devient ici la raison d'une sorte de poids à assumer ! Se souvenir du plaisir, pour le poète, ne produit pas un plaisir nouveau ou un désir de renouvellement du plaisir encore.
[...] ] que laisse échapper le poète. Cette disparition du plaisir, ou plutôt ce silence qui accompagne le constat d'un plaisir impuissant à se réaliser, ne peut faire dire que hélas ! Il faut distinguer cela du plaisir dans sa vigueur, lorsque mon passé tout entier, mes vécus, mes émotions et les figures de ma mémoire investissent les formes de ce corps qui n'est plus chair mais qui est sensualité et excitation. Vigoureux plaisir encore quand d'un livre je fais un révélateur de moi-même ou bien l'accoucheur d'un réel qui sans lui serait resté muet et indistinct. [...]
[...] On est effectivement d'abord dans la tristesse devant ce terme assez rebutant, la chair c'est la viande, la matière, c'est ce qui est silencieux parce que partout pareil et qui est alors certainement ennuyeux parce que précisément toujours la même chose ! On comprend la mort du désir et donc l'extinction du plaisir dans ce rapport de pure exécution. Il dit également [ . ] tous les livres [ . ] comme s'il s'agissait des objets de bibliothèque, en linéaire juxtaposés, en nombre indéfini, même pas décomptés ! [...]
[...] Le plaisir peut-il s'épuiser ou avoir été épuisé, voire dépassé ? Ce qui désespère Mallarmé, c'est que le plaisir n'ait pas de mémoire. Cet ennui, cette lassitude devant les objets du plaisir révèlent le délitement de la mémoire du plaisir vécu, on entendrait presque l'auteur ajouter la chair . encore ! Les livres . encore ! Ce encore qui est d'ordinaire ce qui montre le plaisir réussi qu'il faut réitérer, devient ici la raison d'une sorte de poids à assumer ! [...]
[...] On pourrait même revendiquer le terme de chair si animal il est vrai, en écoutant le fameux discours de Platon, le Phèdre, dans lequel Phèdre rapporte à Socrate les propos de Lysias qui affirme qu'il vaut mieux accorder ses faveurs à celui qui n'aime pas plutôt qu'à celui qui aime En effet, on aura la paix en regard des passions et le plaisir sera le seul but d'une telle relation, sans suites ni contraintes. Ne soyons pas amoureux, ne demandons pas trop au plaisir ! Ainsi la chair ne peut être que gaie quand le corps, lui, prend le risque d'être triste lui qui implique dans sa forme la personne, l'histoire et l'amour. [...]
[...] Le plaisir est engagement et non consommation. Tous les corps ne se ressemblent pas et tous les savoirs ne se valent pas et le plaisir ne se dégrade pas mais se renouvelle, ou plutôt réexiste, parce qu'il n'est pas l'émergence du même engagement. Mallarmé plonge le plaisir dans la chose, et en cela il a raison, la chose se répète et se ressemble quand elle n'est que la chose Mais si elle prend la forme de mon désir, si elle répond à l'histoire de ma mémoire ou enfin si cette chose corps ou oeuvre, répond et résonne à mes émotions, le plaisir est présent parce qu'il est nouveau ! [...]
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