Plaisir désintéressé, beauté, Kant, libération, Platon, désintéressement du jugement
Toute beauté procure des faveurs sensibles. L'objet beau est reposant, calmant, ses formes harmonieuses sont accueillantes comme ne le seront jamais les formes chaotiques, désordonnées, discordantes. Si le beau attire le regard par sa visibilité particulière, il suscite un intérêt spécifique dans la mesure où cette perception de l'harmonie qui impacte notre âme ne répond à aucune nécessité vitale du corps. Il y a dans le plaisir esthétique une grâce qui déborde les besoins rudimentaires. Platon disait que le plaisir est de l'âme ; il passe toutefois par le corps, expression de leur intime union.
[...] Un juge intéressé ne saurait jamais être qu'un mauvais juge. Que vaut, dans ces conditions, la critique articulée au marché de l'art de Versailles, l'idée incongrue d'allonger un squelette géant de Jeff Koons, l'un des artistes les plus médiatiques du moment, adulé des collectionneurs milliardaires, dans l'allée d'un jardin dessiné par Le Nôtre juste devant la Galerie des glaces en 2008 ? Que signifie l'installation de 15 de ses sculptures monumentales dans l'enfilade des grands appartements, dans les décors de Charles Le Brun ? [...]
[...] La consécration est venue par Versailles. On l'y expose, on l'y célèbre, on l'y loue, demain on l'y vendra peut-être [ . ] L'objet d'art, quand il est l'objet d'une telle manipulation financière et brille d'un or plaqué dans les salons du Roi-Soleil, a plus que jamais partie liée avec les fonctions inférieures, et les valeurs symboliques qu'on leur prête. Les glaces et les portraits d'apparat de Versailles n'avaient pour fin que de célébrer le culte exclusif d'un roi. L'image de culte est faite de l'or d'une société. [...]
[...] De là vient aussi que tant d'artistes ont parlé de la joie de créer, même dans la gêne matérielle ou l'inquiétude morale. Hegel souligne que c'est dans l'intention, dans l'adhésion au jeu de la création que réside ce plaisir, plus que dans l'exécution toujours quelque peu discordante d'avec le projet. Du côté de celui qui contemple l'œuvre achevée, l'art est défini comme occasion de délectation, bonheur de participation au spectacle de la beauté. Si le beau est ce qui plaît sans concept la nature se prête plus que tout autre chose, pour Kant, à une telle définition. [...]
[...] Le plaisir désintéressé que procure la beauté Toute beauté procure des faveurs sensibles. L'objet beau est reposant, calmant, ses formes harmonieuses sont accueillantes comme ne le seront jamais les formes chaotiques, désordonnées, discordantes. Si le beau attire le regard par sa visibilité particulière, il suscite un intérêt spécifique dans la mesure où cette perception de l'harmonie qui impacte notre âme ne répond à aucune nécessité vitale du corps. Il y a dans le plaisir esthétique une grâce qui déborde les besoins rudimentaires. [...]
[...] Le ravissement que nous éprouvons devant un bel objet, dit Kant, est complètement désintéressé. Ce qui importe, c'est de savoir si la simple représentation de l'objet en nous est accompagnée de plaisir, sans volonté d'assouvir un désir consommateur. Un nu, une nature morte ne doivent pas éveiller le désir sensible : c'est, pour Kant, l'un des critères majeurs du plaisir esthétique. En cela, la beauté est d'abord libération. Elle donne une nouvelle forme, une nouvelle qualité au monde, faisant oublier les besoins immédiats. [...]
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