Si la dignité de l'homme, comparé aux autres êtres vivants, réside dans la pensée, la toute-puissance du désir, insatiable et protéiforme, risque constamment de l'en détourner, livrant sa vie à la dysharmonie. L'homme peut
se perdre en ne recherchant que le seul plaisir. Il faut donc essayer de penser pour, cherchant la vie heureuse, identifier la part du plaisir dans le Souverain Bien. S'il y a indéniablement chez Platon une aspiration à un ascétisme mystique, celui-ci n'est toutefois pas exclusif d'une sagesse terrestre propre à assurer le bonheur ici-bas. Ainsi le Philèbe est bien moins préoccupé d'affirmer le dualisme de l'intelligible et du sensible que de le résorber autant que possible dans une dialectique soucieuse d'unir l'ici-bas et le divin.
[...] Le plaisir de faire a sa récompense immanente en quelque sorte. Cela interdit de court-circuiter le plaisir, c'est-à- dire de le rechercher pour lui-même, en le déconnectant du déploiement de l'activité dont il est habituellement la récompense. L'addiction est le signe pathologique d'un asservissement à la recherche d'un plaisir détaché de son sens. Mortifère, le plaisir cesse alors de pouvoir entrer dans la définition d'une vie heureuse. Le plaisir gratifiant ne s'éprouve que lorsque notre activité se déploie librement. Le plaisir de l'être c'est son action propre, quel qu'en soit le domaine. [...]
[...] (21a.) Mais qu'est ce que le pur plaisir sans pensée ? : Vois donc : la conscience, l'intelligence, n'en aurais-tu pas quelque besoin ? Et lequel ? J'aurais tout du moment que j'aurais la jouissance ! [ . ] Mais la première chose qui te manquerait nécessairement ce serait de savoir si tu jouirais ou non, puisque tu serais vide de toute conscience ! L'homme est conscience de ce qu'il vit, il est rapport réflexif à lui-même ne serait-ce que de façon infime : jouir, c'est savoir que l'on jouit. [...]
[...] Le plaisir dans l'Antiquité 1. Platon (428-348 av. J.-C.) : la sagesse accompagnée de plaisir est le Souverain Bien Si la dignité de l'homme, comparé aux autres êtres vivants, réside dans la pensée, la toute-puissance du désir, insatiable et protéiforme, risque constamment de l'en détourner, livrant sa vie à la dysharmonie. L'homme peut se perdre en ne recherchant que le seul plaisir. Il faut donc essayer de penser pour, cherchant la vie heureuse, identifier la part du plaisir dans le Souverain Bien. [...]
[...] Toute appréciation suppose, comme point de départ, un sentiment de plaisir ou de peine ; on peut essayer de s'en tenir là et soutenir que ce caractère agréable ou pénible de nos actions suffit à nous fournir un principe de distinction entre le bien et le mal, une règle pratique de conduite, une détermination des fins vers lesquelles doit tendre la volonté. Le plaisir est conçu par les hédonistes comme le bien suprême. C'est en fonction de lui seul que l'homme doit déterminer ce qu'il doit faire. [...]
[...] Jouir n'est pas se réjouir. Mais, si la coïncidence perpétuelle de soi avec l'immédiateté pure du sentir ne peut pas être le lot de l'homme qui veut se réjouir, la retraite dans la seule intellectualité ne saurait être le désir d'un vrai sage : veux savoir si quelqu'un de nous, demande Socrate, accepterait de vivre avec tout l'intellect, toute la science, toute la mémoire possibles, mais sans avoir aucun plaisir ni petit ni grand et pas plus de douleur, sans même être capable d'éprouver rien de tel. [...]
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