Si la Nature, au sens cosmique où l'entendaient les Stoïciens, est l'objet par excellence de la science, force est de constater que cet objet est, par définition, à la fois antérieur et extérieur à elle.
Cette double mise à distance, temporelle et spatiale, condamne le sujet humain à une humble auscultation du réel. La science se contente-t-elle de décrire le réel tel qu'il est ou bien nous livre-t-elle des modèles à partir desquels elle construit le réel ? (...)
[...] La découverte c'est la rencontre avec l'inconnu, c'est ce qui n'a cessé de surprendre l'esprit dans son désir de connaître. Mais les progrès y furent lents voire aléatoires car cette démarche est faite de tâtonnements, ce qui ne permettait pas à la science d'anticiper et de déclencher son processus prédictif Ne fallait-il pas inverser la tendance et provoquer l'objet au lieu de se laisser emprisonner par lui ? Dans la Pensée scientifique moderne, Jean Ullmo écrit : L'effort scientifique consiste à construire de nouveaux systèmes de règles d'opérations mentales qui puissent s'adapter aux opérations expérimentales C'est cette révolution copernicienne qu'a effectué Kant qui souligne, dans la Critique de la Raison pure, que la raison ne s'instruit pas auprès de la nature comme un écolier auprès d'un maître, mais comme un juge qui interroge les témoins et les force à répondre. [...]
[...] La science découvre-t-elle ou construit-elle son objet ? Si la Nature, au sens cosmique où l'entendaient les Stoïciens, est l'objet par excellence de la science, force est de constater que cet objet est, par définition, à la fois antérieur et extérieur à elle. Cette double mise à distance, temporelle et spatiale, condamne le sujet humain à une humble auscultation du réel. La science se contente-t-elle de décrire le réel tel qu'il est ou bien nous livre-t-elle des modèles à partir desquels elle construit le réel? [...]
[...] La science témoigne de la finitude' d'un esprit incapable de produire son objet mais tout juste en mesure de découvrir ce qui se donne à lui. Ce serait toutefois une grave erreur que de croire que la science n'est pas découverte d'une vérité en soi; elle suppose en effet une double construction préalable : théorique et expérimentale. Le réel ne se livre pas immédiatement à l'observateur. Il faut émettre des hypothèses qui seront seulement par la suite confirmées ou non par l'expérience. [...]
[...] Si la science nous avait livré le réel tel qu'il est, elle aurait cessé de progresser. Tout au contraire, elle élabore des modèles opératoires qui sont de proche en proche corrigés. Ce que l'on observe et découvre fait ainsi partie d'une construction théorique qui sera tenue pour provisoire aussi longtemps qu'une autre théorie, plus habile, ne la remet pas en cause selon le schéma de Popper. En fait, une théorie n'explique rien, elle ne permet pas de comprendre pourquoi la nature est comme elle est. [...]
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