L'homme peut donc se représenter les choses, et notamment ses propres limites. C'est pourquoi il peut se représenter la nécessité de nourriture en l'absence même de cette nourriture. Il peut se représenter la nécessité des vêtements, même si présentement le besoin ne s'en fait pas sentir. Et il peut ainsi mettre en oeuvre des médiations, c'est-à-dire des moyens, en vue de satisfaire ses besoins. L'animal, en revanche, comme le dit Kant, ''est d'emblée tout ce qu'il peut être''. En effet, l'INSTINCT le pousse à tel ou tel médiations. Il est au monde IMMEDIATEMENT, c'est-à-dire SANS MEDIATION (...)
[...] Autrement dit, aller à l'école, c'est aller aux loisirs. Le terme est donc, à la base, positif, alors que les activités qui sont liées aux besoins affaires'', ''les activités économiques'' dans leur ensemble)sont connotées négativement au travers du terme grec ''ascholia'' ascolaire en français). On retrouve le même raisonnement avec les termes latins ''otium'' (loisir) et ''negotium'' (commerce, affaires économiques) qui a donné en français le mot ''négoce''; terme qui, conceptuellement, nie la liberté impliqué dans le loisir. Tout ceci nous donne donc une idée de ce que les Grecs entendent par LIBERTE : pour eux, la liberté c'est ne pas être dépendant des besoins. [...]
[...] Pourquoi peut-on dire que les animaux n'ont pas conscience d'être limités dans leurs possibilités ? Parce que l'homme cherche des moyens pour faire reculer ses limites. Exemple : Pour se nourrir l'homme chasse. Mais même en l'absence de faim, il va chasser par souci de prévoyance. L'écureuil aussi dira-t-on ! La différence se situe dans le fait que l'homme se représente la finalité des choses. : mettre de la nourriture de côté et même améliorer l'approvisionnement. L'animal, lui, ne se représente rien. L'homme peut donc se représenter les choses, et notamment ses propres limites. [...]
[...] Le concept de ''loisir'' est un concept spécifiquement grec. Il donne la mesure de ce que les Grecs entendaient par liberté : est libre celui qui n'est pas dominé par le besoin animal de la satisfaction des besoins. Donc l'homme, pour un Grec, se réalise d'autant mieux qu'il s'éloigne au maximum de l'animalité. C'est pourquoi l'esclave n'est pas libre, car on le considère comme seulement capable de fournir la force de travail pour la production. Et même parmi les citoyens qui sont dit libres, les Grecs distinguent la classe des artisans et commerçants de la classe des ''meilleurs'' (aristo-), c'est-à-dire de ceux qui sont dans le loisir. [...]
[...] L'animal, en revanche, comme le dit Kant, ''est d'emblée tout ce qu'il peut être''. En effet, l'INSTINCT le pousse à tel ou tel comportement permettant la satisfaction de ses besoins, mais JAMAIS il ne se représente la nécessité de ses comportements. L'animal n'a donc pas à inventer les médiations. Il est au monde IM-MEDIATEMENT, c'est-à-dire SANS MEDIATION. La conscience que l'homme a de ses limites est ce qu'on appelle la FINITUDE (=statut de l'être fini qui a conscience d'être fini). [...]
[...] Il peut assurer aux choses, en l'absence de ces choses, une certaine présence. Cette présence est d'ordre intellectuel. 3.L'homme est FINI au sens latin du terme, c'est-à-dire qu'il est LIMITE (il ne peut pas gazouiller comme un pinson). Tout comme le caillou, la plante, l'animal, l'homme est au monde, et, comme eux, il est un être fini, c'est-à-dire limité, borné. Il n'est que ce qu'il est. Mais attention, contrairement aux animaux, aux plantes et au monde en général, il a CONSCIENCE D'ETRE FINI, c'est-à-dire limité dans ses possibilités. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture