Cours de Philosophie portant sur l'autrui et l'autre. Ces thèmes sont au programme du baccalauréat 2008.
[...] L'histoire des relations entre les cultures semble donner raison à cet aspect de l'analyse hégélienne : la colonisation, les exterminations qui l'ont accompagnée, l'ethnocide, révèlent que "les autres" ne peuvent survivre qu'à la condition de perdre ce qui les rendait précisément différents. Le refus (ou la crainte) de la différence aboutit à supprimer l'autre en tant que tel, soit physiquement, soit, au minimum, culturellement. Repérer l'autre, sans y reconnaître la dimension particulière que lui confère sa signification comme "autrui", c'est d'un même mouvement affirmer et nier son altérité; c'est, bien souvent, affirmer son altérité pour la nier. La question est peut-on avoir une meilleur conscience de nous même à travers les autres? [...]
[...] Qui est-il, que veut-il, que m'apporte-t-il ? Admettre qu'autrui est "comme" moi, c'est effacer ce que sa présence a de plus énigmatique, mais aussi de plus précieux. Lorsque la psychanalyse affirme par exemple que l'ensemble des relations affectives vécues avec les autres, qui élaborent mon histoire, s'inscrit dans mon inconscient, on peut en déduire qu'autrui n'est pas seulement à l'extérieur de moi et qu'il participe à la constitution de ma plus secrète intimité. Mais c'est uniquement par rapport à ma biographie et à ses conséquences (mon équilibre ou déséquilibre mental) que les autres semblent avoir alors de l'importance : je ne me préoccupe guère de leur propre existence ou de leur devenir singulier. [...]
[...] Autrui est-il connaissable ? La forme de la question ne ferait pas problème dans l'ordre de l'objectivité. On peut dire "le carré est-il un polygone régulier?", sans que cela surprenne car ce qui est visé c'est l'essence du carré. Mais peut-on atteindre l'essence d'autrui comme on atteint l'essence du carré ? On se sert de cette formule quand on à l'égard de l'autre, une certaine attente et un contrat. ou bien l'attente est déclarée à l'autre et engage ainsi une promesse. [...]
[...] Avoir conscience de l'autre c'est avoir conscience de soi par les autres. La conscience, en plaçant l'individu devant le monde, lui fait occuper une position unique et imprenable, une situation sans autre coïncidence qu'elle- même. Deux consciences, en effet, ne peuvent occuper exactement la même situation, ni fusionner (l'amour lui-même, pour reprendre le poète Rilke, n'est jamais que l'inclination de deux solitudes l'une vers l'autre). C'est là l'irréductible solitude de toute conscience. Mais c'est aussi, pour de très nombreux philosophes, la marque de la dignité de l'homme, seul être conscient et donc seul à être, à chaque fois, une personne unique et irremplaçable. [...]
[...] L'intersubjectivité lui est constitutive. Cette thèse doit beaucoup à la notion d'intentionnalité forgée par Husserl : " toute conscience est conscience de quelque chose c'est-à-dire qu'elle est relationnelle, qu'elle est la visée d'une extériorité à laquelle elle donne sens. Autrui et vérité Autrui fait à l'homme l'obligation de se penser, lui et le monde, lui avec le monde. En ce sens, Autrui et la conscience sont à la source de toute philosophie. Ainsi Socrate, respectant l'injonction du " Connais-toi toi-même ! [...]
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