« Je sais que je ne sais pas » affirme Socrate, il y a environ vingt-cinq siècles. De « philo », « aimer » et « sophia », « la sagesse », la philosophie se traduit étymologiquement comme l'amour de la sagesse. En fait, comme le précise Platon dans le Banquet à travers les paroles de son maître Socrate, si Eros est un « daïmon », un intermédiaire entre le Beau et ce qui ne l'est pas, le philosophe est un intermédiaire entre le sage et l'ignorant, il recherche la sagesse, mais sait qu'il n'est pas sage. Cette conception de la philosophie comme la seule recherche de la sagesse peut être nuancée, comme par exemple au XVIIème siècle, lorsque les philosophes des Lumières remettent en cause les manières de penser et d'agir des sociétés qui leur sont contemporaines et soufflent des idées novatrices de liberté de pensée. Ces idées ne vont-elles pas alors amorcer les mouvements révolutionnaires qui ont secoué l'Europe du XVIIIème siècle ? Ne peut-on pas penser que c'est la philosophie, qui, à travers ces auteurs, a fait évoluer, changer le monde ? Et n'est-ce pas l'action qui est la racine de tout changement ? On peut en effet opposer les verbes d'action aux verbes d'états, qui expriment la manière d'être du sujet, en remarquant alors que dans tout changement, toute évolution, tout mouvement, toute dynamique, il y a l'action. Mais peut-on dès lors dire que la philosophie prépare l'action, en cela qu'elle serait antérieure à l'action, et qu'elle générerait l'action ?
On va ainsi se demander si la philosophie prépare à l'action, en cela qu'elle serait antérieure à l'action, et qu'elle serait un vecteur d'action. On montrera dans une première partie que la philosophie, envisagée comme la recherche de la liberté de pensée, met en relief les facteurs d'aliénation qui entravent cette liberté et veut les rendre inopérants, et donc que la philosophie prépare à l'action, puisqu'elle veut changer le monde. Dans une seconde partie, on envisagera la philosophie comme la recherche de la paix intérieure et on montrera donc qu'elle ne prépare pas à l'action mais qu'elle est action, puisqu'elle recherche la maîtrise des sentiments et perceptions. Enfin, dans une troisième partie, on essayera de montrer que la maîtrise des sentiments et des perceptions génère une transformation du monde et qu'en cela, la philosophie prépare à l'action (...)
[...] Ainsi, la philosophie des Lumières s'inscrit dans la recherche de la liberté, la liberté de pensée surtout, car comme l'affirme J.J. Rousseau dès la première phrase du Contrat Social, l'homme est né libre, et partout il est dans les fers Le philosophe va alors tenter de mettre en relief les facteurs d'aliénation qui entravent cette liberté, afin de permettre à chacun d'exercer sa raison. En effet, la philosophie des Lumières reprend un topos philosophique, en instituant le philosophe comme un libérateur, permettant à chacun d'éprouver sa liberté de pensée. [...]
[...] Ainsi on peut dire que la philosophie ne prépare pas à l'action, mais est action, car elle consiste en la maîtrise des sentiments et perceptions. Mais ne peut-on pas alors penser que la recherche de la sagesse, même l'ataraxie, seront vecteurs de changements à travers le monde ? Ne peut-on pas penser que la maîtrise de nos perceptions va provoquer une transformation du monde qui nous entoure, et qu'en cela la philosophie prépare à l'action ? Hannah Arendt, dans la Condition de l'Homme moderne, compare notre existence à uns théâtre, où tout le monde regarde la scène, mais avec des points de vue différents. [...]
[...] Et ainsi, ne peut-on pas dire que l'exemple de L'Emile, ou de l'éducation, est probant ? Publié en 1762 par J.J. Rousseau, cet ouvrage veut envisager l'éducation d'une manière nouvelle : les enfants ne doivent plus être considérés comme des adultes miniatures mais comme des êtres particuliers, l'enfance étant un moment particulier de la vie, l'éducation doit privilégier le développement physique, l'emmaillotement des nourrissons est prohibé. Ces recommandations nous semblent évidentes aujourd'hui, mais étaient novatrices au XVIIIème, preuve si il en faut que notre regard a bien changé, peut être grâce à cet ouvrage, entre autres. [...]
[...] Le philosophe épicurien, pour sa part, doit se réjouir des plaisirs de la vie, par exemple chaque jour manger simplement afin que les jours de fête, il profite au mieux de la profusion des mets. L'ataraxie est alors atteinte par l'épicurien en profitant au mieux de ce que la vie lui procure, et, d'ailleurs, le philosophe ne doit pas craindre la mort, en cela qu'elle n'est plus vie. Si ces deux courants ne peuvent pas être confondus, on doit pourtant souligner une réflexion qui leur est commune : la philosophie n'est pas considérée comme un préalable à l'action, mais comme une action. [...]
[...] Mais peut-on dès lors dire que la philosophie prépare l'action, en cela qu'elle serait antérieure à l'action, et qu'elle générerait l'action? On va ainsi se demander si la philosophie prépare à l'action, en cela qu'elle serait antérieure à l'action, et qu'elle serait un vecteur d'action. On montrera dans une première partie que la philosophie, envisagée comme la recherche de la liberté de pensée, met en relief les facteurs d'aliénation qui entravent cette liberté et veut les rendre inopérants, et donc que la philosophie prépare à l'action, puisqu'elle veut changer le monde. [...]
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