Philosophie, kafka, métamorphose, euthanasie
Peut on penser l'euthanasie à partir de la métamorphose de Kafka ?
Essai philosophique, ayant obtenu la note de 15
[...] Une lecture minutieuse de l'œuvre de Kafka permet, il est vrai, de nourrir le débat sur l'euthanasie. Prenons pour commencer la position en faveur de la dépénalisation de l'euthanasie, en faveur aussi de son acceptation et de sa légalisation. Quels sont les principaux arguments permettant de crédibiliser la cause ? L'argument principal, et premier, est celui de la fin de la douleur, et surtout celle de la souffrance. On le sait, et nous l'avons dit précédemment, le développement des soins palliatifs permet une bien meilleure gestion de la douleur. [...]
[...] Kafka présente même le reste de la famille comme étant victime de la maladie de Gregor : « Ce qui empêchait surtout la famille de changer de domicile, était bien plus le sentiment de désespoir et l'idée qu'ils avaient été frappés par un malheur sans exemple dans leur parenté et dans leur milieu » 128). Ici, c'est la souffrance des proches qui les pousse à considérer la mise à mort de leur frère/fils : « Qui donc, dans cette famille usée de travail et recrue de fatigue, avait encore le temps de s'occuper de Gregor plus qu'il n'était absolument nécessaire ? » 127). Kafka semble conduire la réflexion du lecteur quant au problème de l'euthanasie au travers surtout des réactions des proches. [...]
[...] L'autre cas que j'aimerais aborder plus longuement est celui de Chantal Sébire, âgée de 52 ans, défigurée par un esthésioneuroblastome. Dans une lettre envoyée au président de la République, elle expose sa situation et réclame le droit de partir dans la dignité, en France, entourée des siens « après une nuit de fête ». Elle n'obtient pas satisfaction, la garde des Sceaux estimant que l'exécutif ne pouvait se prononcer sur de tels cas. Bernard Kouchner fit néanmoins entendre une voix discordante. [...]
[...] Il y a dans tout ce passage une véritable altérité du corps, une aliénation qui est insupportable pour le personnage. Enfin, l'aspect majeur de la souffrance de Gregor réside dans sa perte d'autonomie, lui qui faisait vivre toute sa famille auparavant. Son comportement vis à vis de cette perte d'autonomie évolue légèrement tout au long de l'œuvre. En premier lieu, il la refuse catégoriquement : « il aimait mieux mourir de faim que d'attirer là dessus son attention » p104. [...]
[...] Un autre argument majeur des partisans de l'euthanasie, d'ailleurs repris par Chantal Sébire, est le respect de la dignité humaine. La maladie est souvent perçue comme une dégradation de la nature, de la qualité humaine de la personne. L'œuvre de Kafka regorge, encore une fois, d'exemples capables de nourrir l'argumentation : tout d'abord, le protagoniste a conscience que son image d'homme est altérée : « c'était une voix de bête » «N'était-il qu'une bête, si la musique l'émouvait pareillement ? [...]
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