Antigone, dans la célèbre tragédie de Sophocle, choisit de désobéir aux lois de son oncle, Créon, qu'elle trouve injustes, car elles lui interdisent d'enterrer son frère. Elle obéit ainsi à ce qu'elle pense être raisonnable, c'est à dire conforme au bon sens, à la sagesse, plutôt qu'à des lois qui vont à l'encontre de ses principes.
On aurait généralement tendance à penser qu'il ne peut pas être raisonnable de désobéir aux lois. Celles-ci sont en effet un ensemble de règles communes à tous les hommes vivants dans une même société, autorisant ou interdisant certains comportements considérés comme justes ou nuisibles à la société. Alors peut-il être raisonnable de ne pas respecter, d'enfreindre des règles censées être et définir ce qui est juste ? On peut d'emblée remarquer le paradoxe que soulève cette question. Comment pourrait-il être sage de faire ce que l'on nous interdit ? Qu'est-ce qui pourrait justifier la désobéissance au nom du raisonnable ? Existerait-il alors des lois injustes ?
[...] Mais cependant, il faut bien veiller à agir uniquement pour l'intérêt commun, car si l'on commençait à satisfaire notre intérêt particulier au nom de la justice, l'on basculerait dans l'anarchie et le chaos. Encore aujourd'hui, certaines lois votées par l'État nous paraissent illégitimes. Cependant, l'on ne pourrait vivre en société sans droit positif accompagné d'une institution législative jugeant conformément aux lois. Vivre dans une société où le droit idéal serait le même pour tous les hommes est utopique car les opinions de chacun sont trop divergentes ? Il faut donc s'atteler à appliquer un droit positif le plus conforme possible au droit idéal, afin de minimiser le risque d'injustices. [...]
[...] Serait-il donc, dans certains cas, raisonnable de désobéir aux lois ? Si oui, où se trouvent les limites du raisonnable ? Les lois sont en effet un ensemble de règles établies conventionnellement par les hommes et pour les hommes. Elles ont pour fin de faciliter et d'organiser leur vie en société, en donnant à chacun les mêmes droits et devoirs pour garantir à tous l'ordre et l'équité. Les hommes, ne pouvant se passer les uns des autres, ont donc besoin de règles pour vivre en société afin que la loi du plus fort n'y règne pas. [...]
[...] Loi et justice sont donc deux concepts bien distincts. On peut même aller plus loin en disant que si l'on ne désobéit pas aux lois qui nous paraissent injustes, nous perdons notre liberté en tant qu'homme, nous sommes déshumanisés. Nous obéissons à des lois qui ne respectent plus la volonté générale mais la volonté d'un despote ou d'un régime tyrannique. Nous sommes alors réduits à l'état de servitude, or rien ne justifie ni ne vaut un tel sacrifice. Pas même la sécurité et l'ordre comme le préconisait Hobbes dans le Léviathan. [...]
[...] La justice est donc le respect des lois. On donne raison à Stuart Mill qui disait que l'on ne peut douter que l'élément primitif dans la formation de la notion de justice n'ait été la conformité aux lois Celui-ci donne donc toute son importance aux institutions législatives qui garantissent aux hommes leur liberté. Comme le pensait Rousseau, les droits et les devoirs des hommes sont définis par les lois et ceux-ci ne sont alors, grâce à elle, pas à la merci d'un juge ou d'un tyran qui agirait selon son bon vouloir. [...]
[...] Peut-il être raison de désobéir aux lois ? Antigone, dans la célèbre tragédie de Sophocle, choisit de désobéir aux lois de son oncle, Créon, qu'elle trouve injustes car elles lui interdisent d'enterrer son frère. Elle obéit ainsi à ce qu'elle pense être raisonnable, c'est à dire conforme au bon sens, à la sagesse, plutôt qu'à des lois qui vont à l'encontre de ses principes. On aurait généralement tendance à penser qu'il ne peut pas être raisonnable de désobéir aux lois. [...]
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