« Il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j'avais reçues jusques alors en ma créance » nous dit Descartes dans ses Méditations : c'est là énoncé de la manière la plus claire qui soit la nécessité de penser par soi même c'est-à-dire de se libérer de l'emprise, de la simple opinion admise sans le consentement de la raison ni du jugement. Ainsi, penser par soi même est-elle une des plus hautes aspirations de l'esprit humain. Mais alors faut-il encore définir ce que signifie penser par soi même et envisager comment y parvenir. Comment peut-on justifier cette attente de l'Esprit défendue à tous les âges de l'histoire de la philosophie et surtout à l'époque des Lumières. Cette volonté d'autonomie, présuppose-t-elle une forme autarcique de la pensée qui pourrait faire l'économie du dialogue et de la relation à autrui ? Plus essentiellement encore, penser par soi-même ne serait-ce pas aussi penser contre soi même ?
[...] Ainsi, penser par soi-même n'est pas systématiquement penser différemment d'autrui. S'il s'agit avant tout d'éviter toute conclusion, entre penser et la simple adhésion à un préjugé il n'en demeure pas moins que la subjectivité radicale (moi je penser que etc.) ou le relativisme ne sont pas non plus le gage de l'autonomie de la pensée. Dès lors s'il est hors de question de nier la différence des pensées, il est tout aussi essentiel d'envisager leur communicabilité, leur échange et leur partage. [...]
[...] Penser par soi-même est-ce penser différemment des autres ? Introduction Il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j'avais reçues jusques alors en ma créance nous dit Descartes dans ses Méditations : c'est là énoncé de la manière la plus claire qui soit la nécessité de penser par soi même c'est-à-dire de se libérer de l'emprise, de la simple opinion admise sans le consentement de la raison ni du jugement. [...]
[...] Seule la paresse intellectuelle, dont Descartes faisait un penchant naturel de l'esprit, auquel il convient de s'opposer sans cesse, nous entraine vers ce refus de penser par soi-même. Personne ne peut penser pour l'autre déclarait Sartre dans l'Existentialisme est un humanisme, soulignant par là que si penser est un acte de la liberté du sujet, c'est en même temps un devoir. Penser par soi-même est cette obligation à laquelle nous devons nous conformer. Cette obligation nous amène à envisager que penser est une façon de dire non, dire non c'est-à-dire s'opposer et refuser les simples opinions ou les préjugés. [...]
[...] Penser ne peut exister dans une solitude absolue. Des romans tels que Robinson Crusoé de Daniel Defoe en disent beaucoup à ce sujet. Autrui peut être un simple interlocuteur, celui qui m'arrache des pensées que je ne savais pas posséder. C'est très précisément l'expérience que font les interlocuteurs de Socrate qui appelle sans relâche ses concitoyens à interroger, à questionner, à regarder au fond d'eux-mêmes. Mais autrui peut-être aussi celui qui a pensé avant moi et qui m'appelle à penser à mon tour à travers des objections ou la critique. [...]
[...] C'est développer une forme pleinement individuelle de la pensée. Ceci peut s'illustrer par la quête de l'adolescent voulant se déprendre du moule de pensée familial ou de celui de la société. Cela peut se concrétiser encore par la quête d'une originalité de la pensée. Cette volonté d'originalité se traduit par la recherche d'une innovation tant dans la forme que dans le fond de la pensée. Il est possible de l'observer essentiellement dans le domaine artistique à travers ce qu'il est convenu d'appeler les mouvements d'avant-garde. [...]
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