Pascal, Pensées, posth. 1669, absence de point fixe, misère de l'homme, religion chrétienne, mystère du péché originel
Le pessimisme de Pascal introduit dans l'histoire de la pensée moderne, à côté du cogito cartésien, une deuxième sorte de subjectivité: non plus une conscience de soi conquérante, mais une conscience désespérée et angoissée, lucide sur sa propre misère. Or cette lucidité interdit l'accession de l'homme au bonheur. C'est en ce sens que Pascal s'oppose aux philosophes de l'Antiquité : la sagesse non seulement n'est plus une garantie, mais c'est aussi un obstacle au bonheur.
[...] Il n'y a pas de moyen d'être heureux, mais seulement des manières de faire semblant de l'être.! ! ! Le seul point fixe: la religion chrétienne! ! On ne guérit pas du divertissement. Contrairement aux philosophes anciens qui présentaient les passions de la foule comme des folies dont le sage doit se guérir afin d'être heureux, pour Pascal, il n'y a pas de guérison possible. La philosophie des «philosophes» est illusion de lucidité ; le malheur de l'homme, c'est de chercher le bonheur sur terre. [...]
[...] Qui m'y a [fr. 427/194].! Mais la difficulté d'être heureux torture également le croyant, face aux injonctions contradictoires qui sont faites à l'homme-. christianisme est étrange. Il ordonne à l'homme de reconnaître qu'il est vil et même abominable, et lui ordonne de vouloir être semblable à Dieu. Sans un tel contrepoids, cette élévation le rendrait horriblement vain, ou cet abaissement le rendrait horriblement abject» [fr. 351/537].! Les contradictions et le divertissement. La misère est visible dans les incohérences du comportement humain. [...]
[...] Pascal (1623-1662)! Né à Clermont-Ferrand, Pascal se fait d'abord connaître par son oeuvre scientifique : physique et mathématique. À partir de 1654, à la suite d'une révélation mystique, il se concentre sur les problèmes théologiques et philosophiques. Lié au couvent de Port-Royal, il défend les idées jansénistes, en particulier contre le relâchement de la morale des jésuites (Lettres provinciales, sur le jansénisme (Doctrine de Jansénius (1585-1638) sur la prédestination et la grâce de Dieu.! Elle impose une morale austère, rigoriste. [...]
[...] Du fait que l'homme participe à la fois du divin et de l'animalité, on ne peut pas lui attribuer une place stable dans la nature. Entièrement voué au bonheur (l'ange) et non au plaisir (la bête), il est par là même incapable de l'un comme de l'autre.! ! Plus de point fixe moral. Si on laisse la morale à la seule appréciation d'une raison naturelle, comme le voulaient les philosophes de l'Antiquité ou les humanistes de la Renaissance, elle perd son efficience. [...]
[...] La misère de l'homme! ! ! le mystère. Le mystère du péché originel explique à la fois la recherche effrénée du bonheur, et son inaccessibilité: «Certainement, rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine, et cependant, sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. Le noeud de notre condition prend ses replis et ses tours dans cet abîme; de sorte que l'homme est plus inconcevable sans ce mystère que ce mystère n'est inconcevable à l'homme» [fr. 31/434].! [...]
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