Les premiers outils témoignent de l'apparition de l'homme sur la terre. « A quelle date faisons-nous remonter l'apparition de l'homme sur la terre ? Au temps où se fabriquèrent les premières armes, les premiers outils. » (Bergson, L'Evolution créatrice, PUF, p138).
Se questionner à propos de l'outil, c'est s'interroger sur le statut de l'homme en tant que technicien puisque la première définition de l'homme, c'est qu'il est travailleur et technicien. Or, le travail suppose souvent une médiation entre le travailleur et la matière, à savoir l'outil. Mais comment définir exactement ce dernier ? Peut-on déceler une différence entre l'organe animal et l'outil humain ? L'outil est-il propre à l'homme ? Quel est son rôle ? Quels sont les rapports entretenus entre l'homme et l'outil ? L'outil implique un rapport charnel avec l'homme. N'implique-t-il pas également un lien avec la raison ? L'outil introduit donc la notion de technique. Quels sont les rapports entre l'homme et celle-ci ? Peut-on affirmer, comme il est généralement pensé, que la technique nie la nature, ainsi que celle de l'homme ? Peut-on considérer la machine comme l'évolution naturelle de l'outil ? Alors, que devient l'outil dans tout cela ?
Notre discussion va nous amener à nous interroger sur la place de l'outil dans le monde humain tout spécialement, et plus largement au sein de la nature, en le confrontant aux questions anthropologiques qu'il soulève, ainsi qu'aux interrogations éthiques en ce qui concerne le rapport de l'outil à la technique
[...] (Bergson, L'Evolution créatrice, PUF, p138) Se questionner à propos de l'outil, c'est s'interroger sur le statut de l'homme en tant que technicien puisque la première définition de l'homme, c'est qu'il est travailleur et technicien. Or, le travail suppose souvent une médiation entre le travailleur et la matière, à savoir l'outil. Mais comment définir exactement ce dernier ? Peut-on déceler une différence entre l'organe animal et l'outil humain ? L'outil est-il propre à l'homme ? Quel est son rôle ? Quels sont les rapports entretenus entre l'homme et l'outil ? [...]
[...] Ne pas avoir à penser avec ses dix doigts équivaut à manquer d'une partie de sa pensée normalement, philogénétiquement humaine. Ainsi, dans un premier temps, l'outil, instrument naturel, peut être assimilé à la main, outil des outils ; l'origine de la technique résiderait ainsi dans la puissance de l'homme puisqu'il dispose originellement d'une infinité d'outils grâce à la polyvalence de sa main. Rien à voir, donc, avec l'organe animal qui, lui, est déterminé d'avance et fixé à jamais dans son rôle. L'outil est un organe variable, perfectible. [...]
[...] Bien plus, il en serait le négateur. L'homme, en transformant le donné naturel, se nierait lui-même parallèlement en s ‘éduquant ; il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l'animal n'apporte pas de réserve. La culture, en ce sens, serait ce qui s'oppose à la nature, elle serait l'artificiel. La technique engendre en outre un rapport complètement utilitaire au monde. La nature n'est pas considérée en elle-même, mais comme une fin ; elle est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée. [...]
[...] Dans le Grand partage, l'homme est une créature désavantagée, qui se retrouve nu, sans chaussures et sans armes pour combattre. Dépourvu de toute protection, l'homme aurait été promis à une destruction assurée si Prométhée ne l'avait sauvé en dérobant aux dieux le feu de la technique et l'habileté artiste d'Héphaïstos et d'Athéna. La technique semble donc être de prime abord ce par quoi l'homme se maintient dans l'existence et s'adapte à un environnement hostile. Elle le sauve de son originelle impuissance. Mais la technique s'enracine-t-elle vraiment dans cette impuissance et le dénuement originel de l'homme ? Aristote le conteste. [...]
[...] L'outil implique des capacités intellectuelles et linguistiques développées. La main libère la parole dit Leroi-Gourhan dans Le Geste et la parole. En effet, concevoir un outil implique d'anticiper mentalement sur son utilisation, de déterminer sa forme et son matériau Bergson affirme en ce sens que Homo faber a précédé Homo sapiens. L'intelligence est originellement technicienne avant d'être théorique, elle est l'aptitude à fabriquer des outils. L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier d'outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication. [...]
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