'Les sophistes sont les maîtres de la Grèce' a dit Hegel, en effet étymologiquement le sophiste est le maître, le sage (sophos) qui enseigne. Dans l'antiquité grecque, le terme n'avait pas encore le sens péjoratif qu'il a aujourd'hui. Les sophistes étaient les maîtres de la Grèce car ce sont eux qui ont 'inventé' la rhétorique, ce sont les sophistes qui les premiers ont théorisé l'art de persuader, ils ont mis en relief les différents procédés rhétoriques et en ont créé certains, et ce sont leurs disciples qui ont été au centre du classicisme grec.
De plus, ce n'est pas un hasard si l'apparition des sophistes et donc de la rhétorique prend place en même temps que l'établissement de la démocratie au Vème siècle avant notre ère car l'enseignement des sophistes est un des facteur du bon fonctionnement de la démocratie comme nous le verrons tout au long de cet exposé.
[...] Protagoras enseigne donc l'art oratoire aux jeunes aristocrates des cités grecques. Il a un tel succès qu'il est demandé aux quatre coins de la Grèce. L'idée centrale de son enseignement est que sur n'importe quel sujet on peut tenir deux discours totalement opposés. Il a développé ceci dans un traité aujourd'hui perdu : les antilogies (les discours contraires), à tout argument peut s'opposer un argument tout aussi valable. Dès lors c'est l'art oratoire qui va permettre de départager deux opinions qui sont aussi valables. [...]
[...] Corax et Tisias enseignèrent la rhétorique en Sicile mais aussi en Grèce, c'est ainsi que Tisias fut le maître du premier grand sophiste : Protagoras. Protagoras. Protagoras est né vers 486 avant notre ère à Abdères en Thrace, il aurait suivi l'enseignement de Tisias, puis se serait décidé à devenir sophiste, c'est-à-dire maître de rhétorique : "je suis un sophiste, un éducateur d'homme" (Platon, Protagoras 317 b). Protagoras parcourt la Grèce et dispense son enseignement dans chaque cité moyennant une somme d'argent. [...]
[...] Il est donc juste de prendre pitié d'elle et de haïr l'autre". La persuasion. Pour sensibiliser son auditoire sur le fait que ce n'est pas la faute d'Hélène si elle a été séduite il montre la force du discours. On a un double sens, en effet l'éloge d'Hélène est à la fois un discours fictif mais aussi un court Traité de rhétorique car Gorgias montre comment un discours peut convaincre. De plus il y'a un renvoi à la situation de l'auditoire qui est lui-même persuadé par le discours ce qui prouve dans le même temps qu'il est facile d'être persuadé par un bon discours et donc que Hélène ne doit pas être blâmée sinon c'est l'auditoire tout entier qui doit être blâmée. [...]
[...] La rhétorique de Gorgias se base sur une notion centrale : l'à-propos. Le but du discours est de saisir le "moment opportun", le καιροσ. L'art oratoire permet alors de faire triompher l'un ou l'autre des discours selon les cas et donc de faire triompher un discours au bon moment. Ainsi la rhétorique est centrale en politique car la politique consiste avant tout à faire passer la bonne mesure au "moment opportun". La plus haute valeur que doit développer l'homme est celle de l'à-propos et la rhétorique permet à l'homme de saisir le moment opportun en permettant de persuader les autres du bien-fondé d'agir à ce moment précis. [...]
[...] Ainsi Platon dénonce l'immoralité de la rhétorique des sophistes qui vise à faire gagner le mensonge sur la vérité. Et depuis le terme sophiste devient synonyme de penseur malhonnête et un sophisme désigne un raisonnement creux. Mais il est possible d'aller contre cette image des sophistes, en effet on redécouvre aujourd'hui que les Sophistes ne furent pas des rhéteurs uniquement intéressés par la tromperie ou par l'argent mais qu'ils ont développé une pensée complexe qui légitime la rhétorique. Et on peut dire que ce sont les sophistes qui ont vraiment inventé l'art oratoire et qui ont donné une légitimation théorique à cet art oratoire trop longtemps décrié. [...]
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