Le mot « ordre » vient du latin ordo, ordinis, le rang. Cette notion est porteuse de plusieurs sens : elle peut signifier dans un premier temps une disposition, un agencement, mais aussi une classification, un domaine spécifique, et enfin un ordre peut être une injonction, une directive, un commandement, une consigne (à différents degrés). Ici, nous nous attacherons à distinguer ces trois sens de l'ordre en étudiant l'ordre de la société, c'est-à-dire en tant que classes sociales, l'ordre en tant que méthode de classification et enfin l'ordre en tant qu'autorité, à la fois comme commandement c'est-à-dire l'ordre d'un supérieur auquel il est obligatoire d'obéir, et comme principe directeur de l'esprit, qui nous commande nous-mêmes. Ce dernier sens a une influence sur les deux premiers. On peut ainsi voir que la pluralité des ordres (le fait qu'il y en ait plusieurs) est présente dès la définition du mot, mais c'est une notion bien plus complexe puisqu'on distingue au sein même de chacune de ces définitions une pluralité différente (...)
[...] Il prend tout d'abord le cas de l'architecture : souvent il n'y a pas tant de perfection dans les ouvrages composés de plusieurs pièces, et faits de la main de divers maitres, qu'en ceux auquel un seul a travaillé. En effet, les différents architectes qui travaillent à un ouvrage ont beau appartenir au même ordre professionnel, celui de l'architecture, ils peuvent appartenir à différentes écoles esthétiques ou même simplement, il est évident qu'ils se feront tous une idée différente, personnelle, du bâtiment. Paradoxalement dans ce cas, la multiplication des ordres (différents) donnent une impression de désordre. On peut ainsi conclure qu'en art, au sens de beaux-arts comme d'artisanat, le beau vient de l'unité. [...]
[...] Les grandeurs de chair, d'établissement, c'est-à-dire les dignités, la noblesse (les ducs) sont dépendantes de la fantaisie des hommes ; on leur doit des cérémonies extérieures mais pas d'estime personnelle. Les grandeurs naturelles au contraire, d'esprit des honnêtes hommes, leurs qualités réelles de corps et d'esprit, méritent notre estime mais pas de cérémonies extérieures. Il y a donc une pluralité des ordres, des ordres de grandeur, et au sein même d'une sorte de grandeur. Ainsi le fragment 512 des Pensées nous montre la différence marquée entre l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse, qui appartiennent pourtant tout deux à la grandeur d'esprit. [...]
[...] L'enfant est gouverné par plusieurs autorités souvent contraires : ses appétits, ses désirs et ses précepteurs. Ni les uns ni les autres ne possèdent la vérité et même ne conseillaient peut-être pas toujours le meilleur mais cette pluralité permet justement de former notre raison et notre vérité de rendre nos jugements purs et solides en nous faisant nous confronter à l'erreur, aux obstacles, aux choix, au doute. Cette pluralité d'ordres reçus dès l'enfance permet à l'homme de s'habituer à confronter tous les opinions qu'on cherche à lui faire accepter à l'exercice de sa raison. [...]
[...] Le(s)quel(s) ? Pourquoi ? Nous nous efforcerons de répondre à ces questions en nous interrogeant tout d'abord sur la définition de l'ordre social, sur sa place et sur la pluralité qu'elle porte, puis sur celles de l'ordre comme classification, et enfin nous verrons en quoi la notion de pluralité annule la notion d'ordre et en quoi elle la complète. Pour suivre la méthode que préconise Descartes dans Discours de la Méthode, nous partirons des vérités les plus simples et les plus aisées à connaitre Comme aucun des sens de l'ordre n'est véritablement simple nous débuterons par le plus concret, le plus proche de nous, c'est-à-dire par le sens politique du terme : l'ordre en tant que forme de hiérarchie, le principe d'organisation et la structure de la société. [...]
[...] Ici, nous nous attacherons à distinguer ces trois sens de l'ordre en étudiant l'ordre de la société, c'est-à-dire en tant que classes sociales, l'ordre en tant que méthode de classification et enfin l'ordre en tant qu'autorité, à la fois comme commandement c'est-à-dire l'ordre d'un supérieur auquel il est obligatoire d'obéir, et comme principe directeur de l'esprit, qui nous commande nous-mêmes. Ce dernier sens a une influence sur les deux premiers. On peut ainsi voir que la pluralité des ordres (le fait qu'il y en ait plusieurs) est présente dès la définition du mort, mais c'est une notion bien plus complexe puisqu'on distingue au sein même de chacune de ces définitions une pluralité différente. Cette pluralité des ordres pose-t- elle problème ? [...]
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