L'ordre du discours (1971) - Foucault, analyse page par page du livre. 22 pages dans ce Document d'analyse.
[...] Mais tant d'attention ne prouve pas que le vieux partage ne joue plus; il suffit de songer à toute l'armature de savoir à travers laquelle nous déchiffrons cette parole; il suffit de songer à tout le réseau d'institutions qui permet à quelqu'un -médecin, psychanalyste -d'écouter cette parole et qui PAGE 15 permet en même temps au patient de venir apporter, ou désespérément retenir, ses pauvres mots; il suffit de songer à tout cela pour soupçonner que le partage, loin d'être effacé, joue autrement, selon des lignes différentes, à travers des institutions nouvelles et avec des effets qui ne sont point les mêmes. Et quand bien même le rôle du médecin ne serait que de prêter l'oreille à une parole enfin libre, c'est toujours dans le maintien de la césure que s'exerce l'écoute. Écoute d'un discours qui est investi par le désir, et qui se croit -pour sa plus grande exaltation ou sa plus grande angoisse -chargé de terribles pouvoirs. [...]
[...] Rareté et affirmation, rareté, finalement, de l'affirmation et non point générosité continue du sens, et non point monarchie du signifiant. Et maintenant que ceux qui ont des lacunes de vocabulaire disent -si ça leur chante mieux que ça ne leur parle -que c'est là du structuralisme. * Ces recherches dont j'ai tenté de vous présenter le dessin, je sais bien que je n'aurais pas pu les entreprendre si je n'avais eu pour m'aider des modèles et des PAGE 73 appuis. Je crois que je dois beaucoup à M. [...]
[...] Et, au- dessous d'eux, indépendamment d'eux, il faut concevoir entre ces séries discontinues des relations qui ne sont pas de l'ordre de la succession (ou de la simultanéité) dans une (ou plusieurs) conscience; il faut élaborer en dehors des philosophies du sujet et du temps -une théorie des systématicités discontinues. Enfin, s'il est vrai que ces PAGE 61 séries discursives et discontinues ont chacune, entre certaines limites, leur régularité, sans doute n'est-il plus possible d'établir entre les éléments qui les constituent des liens de causalité mécanique ou de nécessité idéale. Il faut accepter d'introduire l'aléa comme catégorie dans la production des événements. Là encore se fait sentir l'absence d'une théorie permettant. de penser les rapports du hasard et de la pensée. [...]
[...] Mais qu'y a-t-il donc de si périlleux dans le fait que les gens parlent, et que leurs discours indéfiniment prolifèrent? Où donc est le danger? * Voici l'hypothèse que je voudrais avancer, ce soir, pour fixer le lieu -ou peut-être le très provisoire théâtre -du travail que je fais: je suppose que dans toute société la production du discours est à la fois contrôlée, sélectionnée, organisée et redistribuée par un certain nombre de PAGE 11 procédures qui ont pour rôle d'en conjurer les pouvoirs et les dangers, d'en maîtriser l'événement aléatoire, d'en esquiver la lourde, la redoutable matérialité. [...]
[...] Et je l'envisagerai de deux manières. D'une part, je voudrais essayer de repérer comment s'est fait, mais comment aussi fut répété, reconduit, déplacé ce choix de la vérité à l'intérieur duquel nous sommes pris mais que nous renouvelons sans cesse; je me placerai d'abord à l'époque de la sophistique et de son début avec Socrate ou du moins avec la philosophie platonicienne, pour voir comment le discours efficace, le discours rituel, le discours chargé de pouvoirs et de périls s'est ordonné peu à peu à un partage entre discours vrai et discours faux. [...]
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