Parmi les grands objectifs de l'enseignement de l'histoire figurent les finalités patrimoniales, à côté des finalités culturelles, intellectuelles et civiques. Les finalités patrimoniales visent globalement la transmission d'une mémoire collective fondatrice d'identité. Ainsi, l'enseignement de l'histoire doit permettre à l'élève de découvrir le patrimoine commun dans lequel il s'insère et dont il est l'héritier, de conserver et d'enrichir ce même patrimoine pour mieux le transmettre aux générations suivantes
[...] ( ) Le patrimoine a quitté son âge historique pour entrer dans son âge mémoriel : le nôtre. Il faut cependant poser la question : ce patrimoine défini par P. Nora est- il semblable à celui qui doit être transmis par l'enseignement de l'histoire ? 1. Histoire du patrimoine Le terme latin patrimonium désigne les biens appartenant à une famille, transmis et entretenus par héritage. Dans le Robert, le patrimoine est ce qui est considéré comme une propriété transmise par les ancêtres, le patrimoine culturel d'un pays Selon P. [...]
[...] On retrouve ici le lien étroit entre histoire et mémoire. Enseigner l'histoire, c'est aussi inculquer la mémoire d'un peuple qui s'est constitué en nation. L'enseignement patrimonial doit prendre soin d'éviter deux écueils : la nostalgie conservatrice et le repli national. Le risque de dérive est lié à un culte commémoratif entretenant la mémoire d'un passé souvent idéalisé. Aussi, l'enseignement de l'histoire doit se démarquer des stéréotypes : les repères identitaires actuels ne sont plus forcément ceux d'autrefois (le Tour de France par deux enfants, Lavisse, Michelet Les lieux de mémoire se reconstruisent et se remodèlent en fonction du temps présent : l'Alsace- Moselle n'est plus en enjeu de mémoire, tandis que de nouveaux apparaissent : l'équipe de France du Mondial 1998, mai 81, la chute du Mur de Berlin, Nelson Mandela, le traité de Maastricht Le professeur doit élargir la notion de patrimoine au-delà du cadre national à l'Europe et au monde : le sacre de Charlemagne, la peste noire de 1348-49, les grandes découvertes et les grands navigateurs, la Renaissance, les Croisades, Alexandre le Grand, la Charte des Nations Unies, Guernica Les programmes officiels insistent d'ailleurs sur cette nécessaire ouverture du concept de patrimoine. [...]
[...] Aussi, le fonds patrimonial se confond avec les témoins de l'ensemble de la population. Cet élargissement contribue à expliquer l'extension de l'acception du terme de patrimoine Patrimoine, mémoire, identité Cette question des rapports entre patrimoine, mémoire et identité est à situer dans le cadre des interrogations actuelles sur les crises sociales des sociétés dites développées. On tente d'expliquer la crise de l'identité par une perte de substance de l'existence, matérialisée par le caractère éphémère et l'obsolescence des objets, des événements, des sentiments. [...]
[...] Mais comment est-on passé du patrimoine hérité au patrimoine revendiqué au cours du temps ? Dès la Renaissance existe le souci de conserver et préserver les chefs- d'œuvre artistiques. A cette époque se développe en parallèle un intérêt pour le passé et ses vestiges, principalement pour les édifices et les œuvres de l'Antiquité romaine. Les édifices antiques acquièrent une valeur nouvelle dans les cercles humanistes : ils apparaissent comme des témoins de la gloire des siècles qui les ont édifiés et sont assimilés à l'idéal de beauté et de perfection. [...]
[...] Ils doivent être étudiés pour eux-mêmes comme des éléments du programme. Pour illustrer cette vision, il est donné un exemple : raconter le mythe d'Osiris est plus important qu'énumérer les dieux de l'Egypte Parmi les documents proposés, lesquels choisir comme exemples de documents patrimoniaux ? Je rappelle l'ensemble des documents : - Trois exemples d'écriture (cunéiforme, hiéroglyphes, alphabet) pour la naissance de l'agriculture et de l'écriture. - Le temple, la pyramide, le mythe d'Osiris pour l'Egypte. - L'Iliade et l'Odyssée, Delphes ou Olympie, le Parthénon et les Panathénées, l'épopée d'Alexandre pour la Grèce. [...]
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