Le langage peut être l'occasion d'expériences contradictoires. Ainsi, il semble que parfois on ne trouve pas les mots permettant de dire ce que l'on croyait vouloir formuler, mais il arrive aussi que « les mots dépassent nos pensées ». C'est ce qui a lieu dans une discussion ou une scène de ménage : le ton monte, et ensuite on regrette de s'être laissé emporter, par la colère, mais aussi par le vocabulaire. On connaît la conclusion : « Excuse-moi, je ne pensais pas vraiment ce que je t'ai dit ! ». Mais, au-delà de telles situations, on peut se demander quels sont les facteurs qui aboutissent à ce débordement de ce qui était pensé par ce qui est dit (...)
[...] Les mots sont collectifs Les mots que j'utilise ne sont pas de mon invention. Aussi toute formule utilisée peut-elle véhiculer davantage de signification que je lui en donne, parce qu'elle est dotée d'une mémoire culturelle et collective que je peux ne pas entièrement maîtriser. Cela peut s'interpréter de deux façons. Soit, avec Nietzsche, pour déplorer cette situation qui m'aliène en m'obligeant à formuler ce qui me concerne dans des énoncés communs, ordinaires, trahissant nécessairement ce qu'il peut y avoir en moi de singulier. [...]
[...] En quel sens peut-on dire que nos paroles dépassent nos pensées ? Introduction Le langage peut être l'occasion d'expériences contradictoires. Ainsi, il semble que parfois on ne trouve pas les mots permettant de dire ce que l'on croyait vouloir formuler, mais il arrive aussi que les mots dépassent nos pensées C'est ce qui a lieu dans une discussion ou une scène de ménage : le ton monte, et ensuite on regrette de s'être laissé emporter, par la colère, mais aussi par le vocabulaire. [...]
[...] D'où des risques d'incompréhension entre interlocuteurs par rapport à l'acception d'un terme : on me prête plus que ce que je croyais dire parce que j'ai usé d'un mot dont je ne connaissais pas le sens complet. III. Discours et inconscient Pour le psychanalyste, c'est presque par principe que l'on doit affirmer que nos paroles dépassent nos pensées Ce que nous pensons (ou croyons penser) ne constitue au mieux que l'aspect manifeste du discours que nous tenons, mais il s'accompagne d'un aspect «latent» que nous méconnaissons nécessairement. [...]
[...] C'est, d'un côté, la langue de bois des politiciens, de l'autre, le risque de dérapage en recourant à des tics verbaux qui dépassent en effet ce qu'on avait initialement l'intention de dire. II. La non-maîtrise du concept La situation peut sembler plus gênante dès qu'il s'agit d'un vocabulaire particulier ou technique (au sens, par exemple, où le vocabulaire philosophique est technique). Tout concept s'élabore historiquement, en modifiant périodiquement sa signification par référence à des théories qui se succèdent (on peut rappeler par exemple le modèle que fournit Hegel sur le concept de liberté). [...]
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