« La science rassure », disait Braque, « l'art inquiète ». Mais la science n'est pas toujours rassurante — ne serait-ce que par certaines de ses applications ou retombées. Il arrive, et peut-être de plus en plus fréquemment, qu'elle semble mettre en cause l'existence de l'homme lui-même, ou les conditions normales de sa vie.
Faut-il pour cela qu'elle soit soumise à des considérations tenant compte des exigences de la vie humaine et sociale, c'est-à-dire à des normes morales ? La morale a-t-elle directement un rôle à jouer dans les sciences, tant au moment de leur élaboration qu'à celui de la diffusion et de l'exploitation de leurs résultats ?
[...] Car l'histoire du savoir scientifique obéit à une sorte de déterminisme global, qui fait qu'un problème, à partir du moment où il arrive à maturité, trouve nécessairement sa solution quel que soit le nom, la nationalité ou la religion de celui qui la donne Une censure, de quelque origine qu'elle soit (religieuse, ou morale si l'on veut) ne peut, au mieux, que différer pendant quelque temps la diffusion de la venté. Si l'on envisageait de régler la recherche sur des normes morales, on ne pourrait donc, au mieux, que la freiner, mais un tel contrôle, à long terme, serait condamné à l'inefficacité. [...]
[...] C'est à ce titre qu'il lui est possible de prendre des décisions de nature morale relativement à son travail Mais si l'on considère les sciences d'un point de vue global ou collectif, on constate que leur développement ne peut s'effectuer que de manière autonome La société peut alors les accompagner par l'intervention de comités d'éthique elle ne peut toutefois s'autoriser à contrôler la recherche en la programmant dans telle ou telle direction sous prétexte de la moraliser d'une recherche, il est impossible de prévoir ce que seront exactement les applications Et il est concevable que ces dernières soient positives alors qu'on ne s'y attendait pas. Bibliographie proposée A quoi sert la philosophie des sciences ? 2003 Accord de la science et de la religion. L'Entropie et les Forces psychiques, avec 79 figures / par L. [...]
[...] Ainsi est-on d'abord obligé de constater qu'entre la morale et les sciences, il ne peut y avoir de point de rencontre. Sans doute cela peut-il paraître gênant, ou même scandaleux, dès lors par exemple que les sciences nécessitent des financements et que leurs résultats doivent en principe être accessibles au public, mais le fait est là tout financeur qui, sous prétexte de scrupules ou d'inquiétude morale, énoncerait des exigences particulières à l'égard d'un laboratoire, ne peut que se heurter à une fin de non-recevoir La recherche se veut indépendante de tout contrôle, parce que ce n'est qu'en bénéficiant de cette liberté qu'elle peut avancer. [...]
[...] La morale a-t-elle un rôle à jouer dans les sciences ? Introduction La science rassure disait Braque, l'art inquiète Mais la science n'est pas toujours rassurante ne serait-ce que par certaines de ses applications ou retombées. D arrive, et peut-être de plus en plus fréquemment, qu'elle semble mettre en cause l'existence de l'homme lui- même, ou les conditions normales de sa vie. Faut-il pour cela qu'elle soit soumise à des considérations tenant compte des exigences de la vie humaine et sociale, c'est-à-dire à des normes morales ? [...]
[...] Une hétérogénéité de principe On doit pourtant rappeler que, par définition, les sciences sont extérieures à l'univers des valeurs, et qu'elles ne s'intéressent qu'aux faits. Tel est leur principe constitutif, notamment souligné par Auguste Comte À l'inverse, la morale n'a évidemment d'existence qu'à partir du moment où s'ajoutent aux faits des valeurs et des normes En l'absence de ces dernières, un comportement ne pourrait jamais être qualifié de bon ou mauvais il serait, purement et simplement, et en tant que tel, impossible à juger Tel est bien celui de l'animal, qu'aucun esprit rationnel ne s'autorise à qualifier de moralement acceptable ou non. [...]
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