Exposé de Philosophie morale: Le mérite (6 pages)
Ce point peut être repéré sur la base d'un autre rejet quant au mérite, commun à Hume et à Rawls. Tous deux rejettent l'idée selon laquelle l'attribution de la richesse en fonction du mérite moral serait la meilleure forme de justice distributive. Hume considère le mérite comme une chose si « incertaine à la fois par son obscurité naturelle et par la vanité personnelle de chacun » qu'attribuer la propriété aux hommes méritants serait impraticable. Rawls justifie sa position par des arguments propres, notamment celui-ci : tout effort consciencieux est en réalité influencé par des talents naturels et des dotations initiales parfaitement arbitraires d'un point de vue moral.
Mais Rawls relève aussi, comme Hume, que « l'idée de récompenser le mérite n'est pas réalisable » et que « ce à quoi [les hommes] ont droit n'est pas proportionnel ? ni dépendant de ? leur valeur intrinsèque ». En effet, précise Rawls, ce à quoi les hommes ont droit est de voir remplies « les attentes légitimes, fondées sur les institutions sociales ». L'idée de récompenser le mérite n'est donc pas réalisable puisque les hommes n'acquièrent pas le matériel en fonction de leurs valeurs propres.
I) Mérite et Justice
II) Mérite et morale
[...] II Mérite et morale A. L'hypocrisie du concept de mérite Aristote émet une distinction entre la belle action ou l'action bonne et l'acte vertueux : tandis que l'action bonne peut être réalisé même par un voyou, l'acte vertueux est quant à lui réellement désintéressé. On peut partir de cette distinction pour dire que le mérite est régit de façon analogue. En effet, peut on dire d'une personne intéressée qu'elle est méritante ? La Rochefoucault a d'ailleurs écrit la maxime 279 qui va en ce sens : Quand nous exagérons la tendresse que nos amis ont pour nous, c'est souvent moins par reconnaissance que par le désir de faire juger de notre mérite Nous vivons en effet dans un monde de masques où il est vain de chercher, dans l'apparence des autres, le reflet d'une qualité réelle ; les apparences possèdent une sorte d'opacité, qui nous dérobe l'accès au vrai mérite. [...]
[...] Dans la mesure où nous n'avons affaire, la plupart du temps, qu'à des masques, et où les apparences sont pure trahison, nous ne pouvons juger du mérite. Le mérite serait donc une sorte de fiction, qui n'a pas de valeur véritable. I Mérite et Justice A. Le mérite, un critère de justice Le mérite représente en général la marque d'un effort, d'un travail, même d'un exploit. Pour certains, elle sera une progression verticale, une progression vers le haut, représentée par exemple, par l'ascension sociale. Pour d'autres, elle sera une progression horizontale, une progression vers l'avant, cela sera plus personnel, une victoire propre. [...]
[...] Le mérite ne serait qu'un moyen pour l'homme de se définir dans une société, par rapport à une société. Cela peut se remarquer par différents critères, qui peuvent être la condition sociale, la richesse Même si le mérite est une valeur considérée comme noble, poussé à l'extrême, si il n'y avait qu'un seul homme sur terre, celui-ci ne pourrait pas être méritant, parce que finalement, le mérite ne se définit que nécessairement par le regard d'autrui. B. La condition sociale ne s'acquiert pas par le mérite Pour Rawls, dans la théorie de la Justice, il existe dans les partages inégaux un point d'équilibre tel que certaines inégalités doivent être préférées à des inégalités plus grandes mais aussi à une répartition égalitaire. [...]
[...] Si nous pouvons avoir des qualités innées et des qualités que nous acquérons au fil du temps, une qualité naturelle peut se dégénérer et une qualité acquise ne peut l'être que imparfaitement. Ainsi, même l'acquisition volontaire de certaines qualités ne peut fonder à elle seule un réel mérite personnel. C. Et si l'on ne pouvait juger du mérite ? Tout jugement sur le mérite n'aurait t-il donc lieu qu'en surface, au niveau des seules apparences, prises pour elles-mêmes sans référence à une valeur vraie qui les sous-tendrait ? N'est-il que la désignation générale des attitudes de bonne conscience ? [...]
[...] Soumise aux humeurs, la valeur personnelle, loin d'être un principe d'identité, est aussi changeante que l'aspect de la nature au fil du temps selon La Rochefoucault. Non seulement donc les apparences ne donnent qu'elles-mêmes au lieu de manifester les qualités intérieures, mais celles-ci en outre sont fluctuantes et ne constituent pas un fondement solide du mérite personnel. Si donc nos qualités résultent seulement de la disposition de nos organes, et que leur application est soumise aux aléas de la fortune, nous ne sommes plus responsables de grand-chose, et l'idée de mérite semble s'être vidée de tout contenu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture