Ménon, Platon, vertu innée, vertu acquise, Gorgias, sophisme, Socrate, Anytos, enseignement théorique, réminiscence platonicienne, réflexion épistémologique, science, démonstration, dialogue philosophique, Thémistocle, faveur divine, enseignement de la vertu
Au début du dialogue, Ménon prétend que Gorgias (grand sophiste, cf. le dialogue du même nom) a la réponse à sa question sur la vertu, à la différence de Socrate. Ce dernier demande donc à Ménon, qui a écouté les discours du sophiste, de parler au nom de celui-ci. C'est l'occasion pour Socrate de montrer les impasses du sophisme. À la fin du dialogue, Platon place dans la bouche d'Anytos une critique virulente et impulsive des sophistes : ces derniers ne seraient ainsi pas les "maîtres de vertu" recherchés en vain par Socrate et Ménon dans la dernière partie du dialogue. La critique dévalorise tant les sophistes, ridiculisés, qu'Anytos est incapable de prouver ses affirmations. Anytos fut en effet l'un des accusateurs de Socrate à son procès.
[...] Définition 1 : chaque individu a une vertu qui lui est propre. La vertu de l'homme serait par exemple d'être capable d'administrer la cité, de faire du bien à ses amis et de faire du mal à ses ennemis. La vertu de la femme serait de diriger l'oikos (la maison), de protéger les biens acquis par son mari et d'obéir à celui-ci. Etc. Objection à la définition 1 : Ménon ne donne pas une définition de la vertu mais des incarnations de celle-ci. [...]
[...] Objections 3a (sur la vertu comme amour des belles choses) : Les belles choses équivalent-elles aux bonnes choses ? Remise en question du kalos kagathos [beau et bon] grec, où la beauté extérieure reflèterait la bonté intérieure : une personne belle serait une bonne personne, une personne de bien. Rien d'étonnant à ce que Socrate, laid comme un silène selon Alcibiade dans le Banquet, remette en question ce principe Il est donc possible de désirer de mauvaises choses en toute connaissance de cause ? [...]
[...] Toutefois, ce fils n'est pas renommé pour sa vertu. Or, il est indéniable que Thémistocle l'a éduqué à l'aide de tous les enseignements qu'il pouvait lui transmettre. Ainsi, il semble que la vertu ne puisse s'enseigner : on ne peut soupçonner Thémistocle d'avoir transmis tous ses talents à son fils, sauf celui-ci, d'autant plus que les autres hommes vertueux cités par Socrate et Ménon (Aristide, Périclès, son opposant politique Thucydide [pas l'historien de la guerre du Péloponnèse]) n'aurait pas fait mieux en la matière. [...]
[...] Qui sont donc les maîtres de vertu, s'il ne s'agit pas des sophistes ? Quand on veut devenir médecin, on apprend auprès de l'un d'eux : si l'on veut devenir vertueux, on se forme donc auprès d'une personne vertueuse. Les maîtres de vertu devraient donc logiquement être les honnêtes gens de la cité. Toutefois, remarque Socrate, quand bien même ces honnêtes gens existeraient, leur serait-il possible d'enseigner leur vertu ? Il est une chose d'être vertueux, une autre de pouvoir enseigner sa vertu. [...]
[...] Ainsi, la science diffère de l'opinion vraie en ce qu'elle est certaine, infaillible. Pour autant, en ce qui concerne les actions et plus globalement la politique (remarquons en effet que, tout le dialogue durant, on assiste à un glissement de plus en plus affirmé de la vertu dans le champ de la politique), la science équivaut bien à l'opinion vraie, puisqu'elles ne diffèrent pas par leur résultat. Or, la personne de bien est utile ; et ce n'est pas la seule science qui fait des individus honnêtes et utiles à l'Etat, mais aussi l'opinion vraie. [...]
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