Conséquence : c'est, certes, un devoir pour moi de faire le tri entre l'évidence vraie et les fausses évidences. Aussi fait-il que je me méfie de ce qu'on m'annonce être une évidence (...)
[...] C'est donc adhérer avec plus de force encore à l'idée que l'évidence est le critère qui me permet de distingue le vrai du faux. Conséquence : c'est, certes, un devoir pour moi de faire le tri entre l'évidence vraie et les fausses évidences. Aussi fait-il que je me méfie de ce qu'on m'annonce être une évidence. Mais il ne faut pas que ma méfiance se change en défiance, que je rejette l'évidence en principe. Parce que c'est au nom de l'évidence que je peux distinguer les fausses évidences des vraies. [...]
[...] Si l'on se méfie des évidences, c'est pour mieux faire confiance à celles qui passent le cap de notre examen. Si l'on se méfie, c'est pour pouvoir avoir confiance. Ce point de vue implique cependant d'admettre que l'évidence, une fois distinguée de ses contrefaçons, est un critère fiable, nous permettant de distinguer le vrai du faux. C'est le point de vue de Descartes. Il est cependant critiqué par Leibniz, pour qui le critère de vérité d'un jugement vient de sa conformité aux règles logiques, que la raison suit naturellement. [...]
[...] Le critère de l'évidence est, selon Leibniz, trop subjectif. Cependant, l'évidence semble être indépassable étant donné que, en dernier recours, c'est l'esprit qui décide d'adhérer à un jugement, une idée. Et son adhésion est fonction du caractère évident, pour lui, du jugement auquel il adhère. On pourrait ainsi rétorquer à Leibniz que l'esprit va juger que tel raisonnement est vrai parce ce même esprit reconnaît avec évidence (cad clairement et distinctement) que le raisonnement est conforme aux règles logiques. Dire qu'un jugement est évident, cela signifie qu'on adhère à ce qu'il annonce. [...]
[...] Sujet : Faut-il se méfier des évidences ? I. Analyse de l'énoncé du sujet Faut-il renvoie à la notion de devoir : règle que l'on se donne à soi-même et que l'on s'oblige à suivre, en vue de parvenir à ou respecter quelque chose qui vaut pour nous (ex : je me donne pour règle de ne jamais mentir, parce que la sincérité est pour moi une valeur cardinale, quelque chose qui donne un sens à ma vie) se méfier est un état d'esprit déterminé, volontaire. [...]
[...] S'obliger à se méfier des évidences, c'est donc interroger le monde, s'interroger soi-même et ne pas se contenter des réponses toutes faites. Cela doit-il devenir une règle pour nous ? Interroger le monde le rend plus intéressant, nous permet de lui donner du sens ; il en va de même quand on s'interroge soi-même : on donne ainsi plus de tenue, de profondeur, de sens à notre existence ; mais cela entraîne peut être un certain inconfort intellectuel, qu'il faut pouvoir supporter. [...]
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