Spinoza s'est élevé contre cette conviction en soutenant que l'esprit et le corps ont une racine commune.
L'Éthique : recherche du « premier et unique fondement de la vertu ou de la droite conduite de la vie ». Livre de philosophie spéculative, qui, pour contribuer à la philosophie morale n'hésite pas à traiter de la vérité ultime des choses (...)
[...] Solution retenue par Spinoza : relativiser le dualisme en faisant du corps et de l'âme la même réalité sous deux aspects. La solution dite du parallélisme consiste à poser qu'il existe une seule substance, qui est Dieu, dont la pensée et l'étendue (l'esprit et la matière) sont seulement des attributs ou des expressions distinctes : Dieu s'y exprime dans des langues différentes. Cela ne signifie pas que se produiraient partir de Dieu deux séries de phénomènes, matériels et spirituels, qui s'ensuivraient de l'être divin. [...]
[...] C'est le point de clivage entre les matérialistes et leurs adversaires : pour les matérialistes il n'y a pas d'autonomie véritable du monde de l'esprit par rapport à la matérialité. La biologie actuelle et la psychanalyse ont conservé deux traits fondamentaux de tout matérialisme : - le réductionnisme : réduite à un simple cas particulier, la spécificité de l'humain se trouve dissoute dans l'économie globale, soit du fonctionnement de l'appareil psychique (dynamique du refoulement et du retour du refoulé) soit des processus neuronaux et du codage génétique. [...]
[...] Il n'est autre que la nature elle-même dans son infinité, telle qu'elle s'exprime en une infinité d'attributs. Parmi ces attributs nous en connaissons deux seulement : la pensée et l'étendue. Perspective moniste (puisqu'il n'y a qu'une substance) mais pas matérialiste (puisque la matière n'est qu'un attribut de la substance, qui est aussi bien pensée). Le matérialisme correspondrait donc à un spinozisme radicalisé, pour lequel l'attribut pensée ne serait qu'un mode de l'attribut étendue - ou pour lequel la substance serait la matière elle-même (Comte-Sponville). [...]
[...] Par rapport au réductionnisme : Spinoza malgré son monisme, ne peut être dit en toute rigueur matérialiste. Mais sa critique intrinsèquement déterministe de la conception cartésienne du libre- arbitre constitue une référence pour toute éthique se voulant matérialiste. Le problème du dualisme Problème légué par Descartes : si le corps est matériel et l'esprit immatériel comment peuvent-ils agir l'un sur l'autre (principe de l'incommensurabilité) ? La matière étant étendue et l'esprit sans extension toute influence de l'un sur l'autre devrait être inconcevable. [...]
[...] La liberté n'est nullement un pouvoir de choisir entre des possibles, mais un travail sur soi dont le résultat ultime doit être de nous libérer de tout ce qui nous empêche de vivre dans la sérénité. La vraie liberté ne se définit pas comme un pouvoir d'appliquer notre volonté au monde comme de l'extérieur, pour le changer à notre guise : elle consiste plutôt à comprendre le monde, à se libérer de l'illusion qu'il n'est pas comme il devrait être = aimer le monde tel qu'il est et ne peut qu'être : c'est le thème du destin (fatum) qu'il faut non redouter, mais aimer (amor fati). [...]
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