Philosophie littérature mal
Dissertation entièrement rédigée abordant le thème du mal.
[...] La naissance au mal est aussi une naissance à l'angoisse existentielle. L'anxiété de Firmin dans Les Ames fortes, sa fébrilité au moment où il a entre les mains le texte de la procuration le présente comme effaré lui- même par sa propre culpabilité : il est obligé de comparer sans cesse la procuration au modèle de Reveillard et, alors que tout se déroule comme prévu, Firmin semble complètement incertain, comme absorbé par une angoisse proche du délire paranoïaque (il voit tout comme dans un rêve et soupçonne que Madame Numance lui tend en piège : elle passe son temps à écouter chanter les mésanges et cueillir des narcisses, et le délire interprétatif de Firmin le pousse à conclure : C'est donc que les narcisses ne signifient pas narcisses et les mésanges ne signifient pas mésanges Cette anxiété du méchant est également soulignée par Rousseau : Le méchant se craint et se fuit ; il s'égaye en se jetant hors de lui- même ; il tourne autour de lui des yeux inquiets, et cherche un objet qui l'amuse ; sans la satire amère, sans la raillerie insultante, il serait toujours triste ; le ris moqueur est son seul plaisir. [...]
[...] Il déclare à sa femme : Nous avons tailladé le serpent, nous ne l'avons pas tué montrant par- là la dynamique de la machine infernale (Jean Cocteau) que constitue le mal pour le héros tragique : il n'aboutit jamais à quelque chose de définitif, mais demande à être perpétuellement renouvelé jusqu'à ce que le héros crève sous le poids de ses crimes. Ce qui a commencé dans le mal s'affermit dans le mal : le mal n'est pas une étape dans la stratégie du héros, c'est une dynamique que rien ne peut asservir. [...]
[...] La mort du bon roi Duncan tué par Macbeth affecte la totalité de l'ordre du monde : certains disent que la terre avait la fièvre déclare un personnage après le meurtre, tandis que le dernier mot de l'acte II est laissé à un vieillard qui souligne cet effondrement général du sens : cette horrible nuit a réduit à néant tout ce que j'ai connu III.2 Néant du monde, néant du cœur : l'homme réduit à l'animal À ce néant du monde fait écho le néant de la personne du méchant, réduit à un simple animal. Chez Giono, Thérèse est le personnage qui semble le mieux parvenir à lier mal et jouissance ; mais en même temps, elle est parfaitement consciente du travail de néantification de soi qu'elle est en train d'accomplir : Ils voient que rien ne peut me combler. [...]
[...] Transition : Si le mal apparaît pratiquement comme un mauvais calcul, il ne débouche pas nécessairement sur une jouissance des fruits du crime pour d'autres raisons, notamment psychologiques et morales. II. Les raisons psychologiques et morales qui empêchent le méchant de jouir des fruits de son crime II.1 Les raisons psychologiques : les âmes faibles La première raison qui explique pourquoi les méchants ne parviennent pas à jouir des bénéfices de leur crime est que tout le monde n'est pas méchant naturellement. [...]
[...] Mais, de façon plus grave, le mal provoque aussi un désordre du monde qui exclue profondément l'homme, ou le transforme à tel point qu'il se retrouve totalement absorbé dans le mal, au point que la question de la jouissance ne se pose plus. III. Le triomphe du mal absorbe toute idée de jouissance effective dans un effondrement général du monde et des valeurs III L'effondrement du monde, l'effondrement du sens La faute commise change non seulement l'être de l'homme, mais aussi l'état du monde, le conduisant à un désordre qui passe l'homme : ce nouvel ordre exclue la présence humaine et empêche l'homme de vivre et donc de jouir de ce qu'il a acquis. [...]
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