Sciences humaines et arts, Locke, L'apologie de la tolérance, Lettre sur la tolérance, 1690, innéisme, erreur
Certains Français sont tentés de mettre en rapport cette oeuvre avec la révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV en 1685 ; cette "récupération" est abusive, ce sont les circonstances politiques anglaises qui sont déterminantes.
En 1682, Locke suit lord Ashley en exil en Hollande ; ce dernier, ancien
chancelier, s'oppose à Charles II qui manifeste des sympathies catholiques. En 1685, Jacques II qui succède à Charles II affiche la volonté de restaurer le catholicisme en Angleterre, et Locke se retrouve sur une liste d'Anglais exilés dont la monarchie demande l'extradition. Touché dans sa vie et dans ses convictions, Locke entreprend son ouvrage.
[...] Elles n'ont que peu de rapport avec les deux cités augustiniennes. Tout individu appartient à deux sociétés auxquelles il se doit. D'une part, grâce à la société civile, le citoyen est protégé dans sa vie, sa personne, sa liberté, ses biens, à la condition d'obéir aux lois. Les" magistrats" , les chefs politiques, accèdent à ce statut pour leur compétence à travailler à l'intérêt public et à veiller au bien-être terrestre de leurs sujets. D'autre part, grâce à la société religieuse, librement choisie par chaque individu, l'homme assure le salut de son âme et prépare sa vie dans l'au-delà, selon ses convictions personnelles. [...]
[...] Locke : L'apologie de la tolérance : Lettre sur la tolérance Un contexte politique important. Certains Français sont tentés de mettre en rapport cette œuvre avec la révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV en 1685 ; cette" récupération" est abusive, ce sont les circonstances politiques anglaises qui sont déterminantes. En 1682, Locke suit lord Ashley en exil en Hollande ; ce dernier, ancien chancelier, s'oppose à Charles II qui manifeste des sympathies catholiques. En 1685, Jacques II qui succède à Charles II affiche la volonté de restaurer le catholicisme en Angleterre, et Locke se retrouve sur une liste d'Anglais exilés dont la monarchie demande l'extradition. [...]
[...] Les conséquences morales de cette erreur sont très graves. En effet, si des idées sont innées, elles sont naturelles et par là universelles ; elles ne peuvent être contestées, encore moins réfutées, puisqu'elles relèvent d'une vérité qui s'impose. Quiconque refuserait une idée innée se tromperait, nierait la nature de l'homme, et deviendrait un danger pour l'humanité ; on ne pourrait que vouloir la lui imposer, y compris par la force, voire la violence. L'innéisme conduit donc au dogmatisme et à l'intolérance, c'est-à-dire à l'immoralité ; mais l'innéisme est faux, la tolérance est donc fondée. [...]
[...] Les limites de la tolérance. Toute tolérance se définit par ses limites, sinon elle se nie. Locke fixe quatre limites à la tolérance religieuse, imposées par la société civile et gérées par les" magistrats" . Première restriction, il est hors de question de tolérer les intolérants, les fanatiques ; ce sont des négateurs de la tolérance et ils représentent un danger pour la paix civile en menaçant la cohésion de la société. Deuxième restriction, il est impossible d'accepter des dogmes qui seraient contraires aux bonnes mœurs de la société civile, et qui fragiliseraient par là la conservation de la société. [...]
[...] Mais cette distinction est très en avance sur son temps : beaucoup de philosophes des Lumières ne vont pas jusque-là, Voltaire notant- ment qui voit dans la religion un moyen politique de discipliner le peuple. Locke est un pionnier de l'État laïque, il a plus de deux siècles d'avance sur la Séparation des Églises et de l'État qui n'intervient en France qu'en 1905. La volonté de concilier la liberté des consciences et une cohésion sociale effective - ferment de la vie politique - est un objectif qui est tout à l'honneur de Locke. [...]
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