libre arbitre, pouvoir absolu de choisir, âne de Buridan, liberté d'indifférence, solution par Leibniz
Imaginez un âne assoiffé et affamé placé devant un seau d'avoine et un seau d'eau. Imaginez aussi que cet âne possède un libre arbitre, c'est-à-dire que rien ne l'amène à faire nécessairement ceci plutôt que cela. Que ferait-il ? Il mourrait de faim et de soif, sur place, sans pouvoir trancher entre les deux libre arbitre seaux. Il serait mort à cause de son libre arbitre. Cette histoire célèbre fut
inventée au Moyen Âge pour ridiculiser le philosophe Jean Buridan (1300-1358). Ce dernier affirmait l'existence du libre arbitre en ces termes : « La volonté peut refuser de vouloir ce que l'intellect a jugé bon. »
[...] Mais cela rend aussi dérisoire cette puissance absolue, synonyme de capacité à faire n'importe quoi. C'est pourquoi Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) s'oppose à la conception cartésienne du libre arbitre. Selon lui, il n'y a pas de possibilité réelle pour le libre arbitre de refuser l'évidence scientifique ou morale. L'issue du choix est certaine et infaillible Mais il veut aussi sauvegarder le libre arbitre en disant qu'il y a une possibilité «métaphysique», c'est-à-dire surnaturelle, de maintenir la puissance absolue du libre arbitre : même si l'homme ne peut se refuser à l'évidence, Dieu le pourrait pour lui. [...]
[...] La distinction que propose Descartes entre «absolument» et «moralement» est capitale. Il est en effet difficile de penser que si plusieurs possibilités se présentent à moi, elles sont toutes également tentantes. Entre 1 + 1 = 2 et 1 = 0 suis-je vraiment capable de choisir l'un aussi bien que l'autre ? Si c'était le cas, est-ce que la vérité ne perdrait pas toute évidence ? C'est le même problème pour des jugements comme «les hommes sont tous égaux en droit et certains hommes doivent avoir davantage de droits que d'autres Supposer que la volonté est capable de choisir l'un aussi bien que l'autre, n'est-ce pas supprimer toute différence morale ? [...]
[...] Valoriser le libre arbitre, n'est-ce pas valoriser la possibilité d'une conduite arbitraire ou gratuite ? ! II! La liberté d'indifférence René Descartes (1591-1650) qui connaissait le problème de l'âne de Buridan affirme que sans un tel libre arbitre, il ne peut pas vraiment y avoir de liberté humaine. C'est ce qu'il appelle la liberté d'indifférence Mais il reconnaît qu'elle constitue le plus bas degré de la liberté. Elle est à la fois nécessaire et de peu de valeur morale : Lorsqu'une raison très évidente nous porte d'un côté, bien que, moralement, nous ne puissions guère aller à l'opposé, absolument parlant, néanmoins, nous le pourrions. [...]
[...] Le libre arbitre est-il un pouvoir absolu de choisir? ! Nier le déterminisme, c'est affirmer que notre action n'est jamais la conséquence d'une nécessité: nous aurions pu aussi bien faire autre chose. Mais ces possibilités d'action différentes sont-elles vraiment égales? ! Le problème de l'âne de Buridan Imaginez un âne assoiffé et affamé placé devant un seau d'avoine et un seau d'eau. Imaginez aussi que cet âne possède un libre arbitre, c'est-à-dire que rien ne l'amène à faire nécessairement ceci plutôt que cela. [...]
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