Dans un contexte de mondialisation libérale dite effrénée, où les Etats tentent de rétablir un peu de Justice via des Institutions multilatérales à la tâche complexe (OMC, ONU…), il est légitime de s'interroger sur les limites de la Liberté : si une liberté est en vérité bien vaine lorsque l'injustice la fait plier, et si, inversement, une injustice rend esclave plus qu'elle ne rend libre, on ne peut ainsi manquer de noter qu' « une Liberté sans la Justice est une véritable contradiction », comme l'écrit Jean-Jacques Rousseau dans la huitième lettre des Lettres écrites de la Montagne.
Une telle affirmation ne saurait étonner dans les mots de J.-J. Rousseau, symbole même de l'esprit des « Lumières », cet esprit même qui inspira le libéralisme qui perdura jusqu'à nos jours, mais elle ouvre pourtant des questions fondamentales sur la légitimité de la Justice à limiter la Liberté – que l'on pourrait définir en première approximation comme la possibilité d'agir, de penser, de s'exprimer selon ses propres choix. En effet, s'il existe, en réalité, deux types de Justice, l'une consistant en un ordre moral extérieur maintenu via une institution judiciaire de source étatique, l'autre, vertu cardinale, consistant au contraire en une aptitude intérieure à agir justement, c'est-à-dire à respecter les doits d'autrui, la première est d'une actualité certaine dans un contexte de libéralisation économique & politique poussée, et force est de constater qu'elle est davantage sur un position défensive qu'offensive. Comment en effet justifier qu'une Justice définie extérieurement puisse s'opposer à ma Liberté de choix en tant qu'intériorité fondamentale ? Si l'on admet que la Liberté reste un objectif d'une légitimité indiscutable, la question problématique devient, par conséquent, celle-ci : la Justice est-elle réellement nécessaire à la Liberté ?
Il s'agira, dès lors, de montrer que, si la Justice est une entrave nécessaire à la Liberté (1), sa responsabilité est cependant de demeurer au service de son épanouissement (2), afin d'en conclure à la fois à la nécessité et à la légitimité d'une limite de la Liberté par la Justice.
[...] Une telle affirmation ne saurait étonner dans les mots de J.-J. Rousseau, symbole même de l'esprit des Lumières cet esprit même qui inspira le libéralisme qui perdura jusqu'à nos jours, mais elle ouvre pourtant des questions fondamentales sur la légitimité de la Justice à limiter la Liberté que l'on pourrait définir en première approximation comme la possibilité d'agir, de penser, de s'exprimer selon ses propres choix. En effet, s'il existe, en réalité, deux types de Justice, l'une consistant en un ordre moral extérieur maintenu via une institution judiciaire de source étatique, l'autre, vertu cardinale, consistant au contraire en une aptitude intérieure à agir justement, c'est-à-dire à respecter les doits d'autrui, la première est d'une actualité certaine dans un contexte de libéralisation économique & politique poussée, et force est de constater qu'elle est davantage sur un position défensive qu'offensive. [...]
[...] lorsque cette liberté n'était pas civique. Prenons l'exemple des Noirs aux Etats-Unis : si l'abolition de l'esclavage et donc la libération des Noirs date du 13e amendement de 1865, cette reconnaissance de leur liberté n'a pourtant commencé à s'accompagner d'une recherche d'une certaine égalité et donc d'une certaine Justice qu'à partir des années 1960s, grâce au Mouvement des droits civiques, soit un siècle plus tard Ceci montre bien que la liberté sans la Justice est une véritable contradiction puisque la Justice est en effet la seule qui puisse rendre effective l'égalité des libertés, l'égalité des chances au bonheur. [...]
[...] Si la Justice est une fonction régalienne de l'Etat (ce que reconnaît même un Adam Smith), elle ne signifie ainsi précisément pas la même chose selon l'Etat en question. Tout dépend en fin de compte du contrat initial : quelle ressemblance par exemple entre la Justice royale symbolisée par St Louis sous son Chêne et la Justice républicaine telle qu'elle existe depuis un siècle en France ? De même, lorsqu'un régime politique change, la Justice s'en trouve profondément modifiée. Prenons l'exemple des débuts de la Justice administrative française, dans les années 1870, une fois renversé l'Ordre moral de Mac Mahon. [...]
[...] Mais dans le même temps, il convient de souligner ô combien la Justice est relative à l'Etat qui la définit, et inversement ô combien l'Etat est relatif à l'idée qu'il se fait de la Justice. Prenons l'exemple des différences pratiques qu'impliquent les divergences de philosophie politique entre Platon & Aristote. Si le second, auquel on doit une distinction entre Justice distributive et Justice corrective ou encore la théorie du juste milieu semble défendre une démocratie modérée (politéia), les avis sur le premier sont particulièrement controversés, certains penseurs, même, n'hésitant pas à taxer ses idées politiques de totalitaires Quoi qu'il en soit, ceci permet de comprendre pourquoi le mariage de la Morale et de la Politique n'a jamais fait consensus et pourquoi on se recentre aujourd'hui sur une conception beaucoup plus technique de la Justice. [...]
[...] C'est par exemple le libéralisme économique d'un Adam SMITH, dont l'idée fondamentale est que la main invisible du Marché permet d'atteindre, lorsque rien n'entrave la liberté économique, un équilibre de l'offre et de la demande et in fine la prospérité maximale pour la société, idée qui a bien entendu inspiré le libéralisme triomphant des années 1980. Mais, on peut légitimement demeurer méfiant : les individus ne sont pas parfaitement rationnels et le Marché a donc ses faiblesses et ses incertitudes, qui expliquent, par exemple, la situation de déséquilibre qui existe en Europe sur le Marché de l'emploi. Néanmoins, qu'est-ce finalement que la Liberté ? Elle consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui affirme la Déclaration de 1789 (art. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture