Le sujet, selon Hegel, est celui qui est et a conscience d'être ; ainsi, il se redouble : il est à la fois physiquement, sur le plan de la causalité naturelle, au même titre que l'animal ou que l'enfant qui n'a pas encore conscience de lui-même (c'est-à-dire avant le "stade du miroir", avant d'avoir capacité de se reconnaître lorsqu'il se voir, c'est-à-dire qu'il n'a pas encore conscience des éléments qui le composent et qui font de lui l'individu qu'il est) (...)
[...] Quelles sont alors les conséquences de cette perte de la liberté ontologique du sujet ? En étant assujetti à l'affect, l'homme court le risque de croire les choses qui lui plaisent le plus, même si elles sont très éloignées de la vérité: ainsi, il est plus difficile de croire ce qui nous dérange même s'il s'agit de la vérité. De cette manière, il est facile de tomber dans l'erreur, car les préjugés fort ne nous permettent pas de faire un libre usage de la raison. [...]
[...] Par exemple, l'arbre est un objet de nature; il n'est ce qu'il est que par la causalité naturelle (sans autre médiation). En revanche, lorsque le charpentier le travaille pour en faire une charpente, l'abre subit l'empreinte de l'esprit de celui qui le modifie: ses choix personnels ainsi que les conventions de son peuple (les conventions architecturales qui font qu'on ne bâtit pas un toit en Espagne comme on le fait en Asie orientale, quoique ce soit de moins en moins vrai avec l'architecture moderne, les conventions du métier de la charpente qui font que tel montage est utilisé dans telles circonstances, ainsi que les décisions personnelles du charpentier, qui de par son libre-arbitre peut prendre quelques libertés avec les conventions) font de la charpente, l'objet final, un objet de culture car elle sera passée par une série de médiations mettant l'homme en jeu de sorte qu'il peut s'y (re-)connaître en sa vérité. [...]
[...] (Peut-on seulement en être dépouillé ? Il faudra supposer que oui.) Enfin, sans cette liberté, quelles sont les conséquences ? Par la subjectivation, l'homme se libère. Qu'est-ce qui, dans les modalités de la subjectivation, permet d'affirmer cela ? Et alors, en quoi consiste cette liberté, concerne-t-elle les actes, l'usage de la raison et de l'esprit, voire les deux ? [...]
[...] Ainsi, la liberté que l'on obtient par la subjectivation nous permet d'avoir le libre usage de notre faculté d'agir et de notre raison, ce qui conditionne l'existence des sciences expérimentales (ce critère englobant la majorité des sciences; seules les mathématiques n'en font pas partie car elles ne se basent pas sur l'expérience sensible). Mais alors, qu'est-ce qui peut nous dépouiller de cette liberté ? Est-ce un facteur intérieur à nous-mêmes, ou un facteur extérieur ? Pour devenir sujet et par là-même libre, on a vu qu'il fallait apprendre à connaître son affect. [...]
[...] Un individu qui ne dispose pas de cette liberté perd donc le libre usage total de sa raison, de son esprit ainsi que de sa faculté de transformer la nature: de cette manière, il est incapable d'obtenir des connaissances logiques ou intuitives, qui sont, sur les trois formes de connaissances, les deux seules à être fiables, la dernière étant la connaissance empirique (très incertaine et souvent fausse), et étant esclave de la causalité naturelle, il est exclu qu'il puisse avoir la science des premiers principes. Ainsi, il est impossible à celui qui n'a pas la liberté du sujet d'avoir accès à la connaissance vraie: la connaissance vraie suppose bien la liberté du sujet. [...]
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