Il convient tout d'abord, estime Bergson, de bien poser le problème de la liberté : celui-ci découle en fait, selon ce philosophe, de la confusion entre « durée et étendue, qualité et quantité). On ne peut résoudre cette difficulté, qui débouche sur une impasse stérile, qu'en faisant une distinction entre durée psychologique et temps psychique : on ne peut par conséquent comprendre la liberté humaine sans se pencher sur le concept de temps (...)
[...] Au demeurant, l'acte libre véritable est rare, il faut le concéder : l'être humain est bien souvent davantage spectateur de lui-même que l'artisan de sa propre vie Aussi la plupart de nos actes s'avèrent-ils d'autant plus prévisibles qu'ils sont moins libres : le poids de l'habitude, des automatismes, se fait ici tout particulièrement sentir et fait que nous sommes plus souvent agir plus que nous n'agissons, finalement, en y réfléchissant bien ! ~ La liberté authentique est création, invention imprévisible opérée par la durée, identité avec soi-même. Etre libre, c'est durer, s'accomplir dans le sentiment intime de notre durée, assumer son être tel qu'il s'est dessiné, tel qu'il s'est construit jusqu'alors. Dès lors, assumer sa temporalité apparaît comme la seule condition de la liberté, puisque c'est dans la durée que celle-ci réside. [...]
[...] Elle n'est donc ni le libre arbitre, ni un pouvoir de se déterminer par la seule raison. Ainsi, la liberté consiste dans l'adéquation entre la spontanéité créatrice et la totalité du moi dont elle émane ; l'acte libre est celui qui exprime le mieux notre personnalité véritable, à savoir ce que Bergson appelle le moi profond sujet authentique de la durée. Plus l'acte est libre, plus il nous exprime. La liberté est donc la libération de notre préférence la plus intime. [...]
[...] Par et dans le cours de la durée, la conscience constitue les voies, les buts et les motifs de l'action : chaque moment de la conscience est donc qualitativement différent du précédent. La durée bergsonienne est par conséquent constante invention et changement. Dès lors, la vie est, par essence, création incessante de soi par soi ; or celle-ci n'est autre que la liberté : le temps s'écoule et fait mûrir ce qui est un cycle eternel de création, de conservation, de destruction om l'infinité des possibles se manifeste : il est donc impossible, dans une telle perspective, d'établir une loi prévisionnelle. [...]
[...] ~ La durée bergsonienne Selon Bergson, la description de la conscience aboutit à une conception dynamique de la liberté. En effet, les données véritables de la conscience livrent un mouvement quantitatif, une durée saisie comme seule unité en perpétuelle transformation (et non une suite d'états bien délimités). De fait, la durée est un jaillissement perpétuel d'imprévisible nouveauté ; aussi ne cesse-t-elle de changer de nature, en entremêlant, en synthétisant toujours passé, présent et avenir, les trois volets de l'écoulement temporel. [...]
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