Dans le chapitre III de Eloge de la liberté, I.Berlin se donne pour but de repenser le concept de liberté en en dégageant deux conceptions différentes : 'la liberté négative' et 'la liberté positive'. Il en étudie les inspirations, pour en décrire les qualités de même que les défauts, et enfin pour en exposer les implications, éventuellement les risques. Au terme de cette démarche, on peut considérer que I.Berlin nous livre une conception renouvelée de la liberté et de la pluralité des valeurs
[...] Les notions morales se transposent dans la sphère des relations politiques. Or la politique est marquée par la division. Par suite, il ne pourrait en être autrement dans le cadre d'une réflexion sur la liberté. I.Berlin, sur ces bases, affirme qu'il existe deux systèmes qui se livrent aujourd'hui une guerre sans merci parcequ'ils reposent sur des conceptions contradictoires de la liberté. L'un se demande "quel est le champ à l'intérieur duquel je peux faire ou être ce dont je suis capable sans l'ingérence d'autrui L'autre s'interroge : "sur quoi se fondent l'autorité qui peut obliger quelqu'un à faire ou à être ceci plutôt que cela". [...]
[...] C'est la contrainte de la contrainte qui permet à la liberté négative de se réaliser. Cette liberté est donc littéralement négative, puisque sont but même est acte de négation : empêcher toute ingérence extérieure. Les conséquences politiques de cette conception peuvent a priori surprendre puisqu'elles peuvent favoriser une certaine forme d'autocratie : un despote éclairé peut s'avérer grand défenseur des libertés individuelles. Berlin effectue dès lors une transition. On comprend bien, au regard des éléments précédents, que l'important dans la conception de la liberté négative, c'est la question "jusqu'où le gouvernement s'ingère-t-il dans mes affaires " plutôt que "qui me gouverne". [...]
[...] A côté de la liberté, d'autres valeurs attisent tout autant le désir des hommes. Ainsi, ma reconnaissance par d'autres comme appartenant à une communauté, donne un sens à la plupart de mes traits personnels. Plus qu'une liberté illimitée, je recherche cette reconnaissance de membre d'une classe, d'une nation, d'une race. Par suite, je peux préférer un régime autoritaire à un régime libéral, s'il me donne le sentiment d'être reconnu. Je préfère ici une "liberté sociale" qui transcende le clivage liberté négative-liberté positive : sa face négative consiste à refuser que mon groupe soit entravé par l'extérieur, et sa face positive à vouloir être gouverné par quelqu'un que je considère comme "mien". [...]
[...] Berlin retrouve une raison d'espérer par un retour à la conception de la liberté négative. Il rappelle les conditions posées par Constant, Mill, Tocqueville, pour garantir une société libre : aucun pouvoir ne doit être absolu, des frontières doivent exister à l'intérieur desquelles les individus possèdent des droits inviolables. Berlin en arrive ainsi à une conclusion : il faut préférer la liberté négative à la liberté positive, pour pouvoir restreindre l'autorité en tant que telle plutôt que de laisser certains placer entre leurs mains seules (et sales la liberté. [...]
[...] Deux conceptions de la liberté : La liberté négative. I.Berlin s'attache dans un premier temps à décrire le premier concept de la liberté négative. Il part de l'opinion commune : je suis libre si personne ne contraint mon action. Au plan politique, c'est un espace où l'individu agit sans être empêché par d'autres. Les incapacités (d'ordre physique ou intellectuel) ne sont pas absence de liberté négative, puisque celle-ci a pour critère l'intervention extérieure, des autres. Il n'y a oppression que lorsque d'autres frustrent mes désirs délibérément. [...]
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