Les intellectuels engagés dans nos sociétés contemporaines
'Quel est aujourd'hui le rôle des intellectuels engagés aussi bien en France que dans le reste du monde ? Peut-on parler d'un repli sur soi de la sphère intellectuelle, d'un « désengagement » de l'intellectuel?'
I. La défaite des intellectuels engagés ?
II. Quelle place pour les intellectuels engagés aujourd'hui ?
[...] Moore, s'affirme alors comme un intellectuel critique, et invite à une prise de conscience. Pourtant, les consciences se réveillent parfois tardivement (comme dans le cas du conflit en Tchétchénie ou du conflit bosniaque) et certains sujets n'entraînent pas de répliques des intellectuels comme la montée des courants démagogiques qui ébranlent l'équilibre des démocraties. Pour Gérard Noiriel, la crise des intellectuels vient du fait qu'ils sont incapables de dépasser deux travers, qui ont constamment miné leurs débats : la dénonciation des individus d'un côté, le silence sur ce qui dérange de l'autre Ainsi, il s'oppose à ceux qu'il appelle les intellectuels de gouvernement, en générale des universitaires (Luc Ferry, Pierre Nora, Marcel Gauchet entre autres) souvent des anciens gauchistes qui approuvent les pratiques de la société libérale et qui comme Jacques Julliard se proclament conservateurs de gauche Plus engagés auprès du pouvoir qu'auprès des forces vives de la société française, ils sacrifient le savant et les valeurs critiques dont ils se réclament pour satisfaire le politique. [...]
[...] Mais comment ? En résistant peut-être, comme certains, qui n'ayant pas oublié la leçon des Pères se méfient des Sophistes. Comme Alain Badiou, qui sort de sa caverne lorsque la société vacille, en novembre 2005 par exemple. Bibliographie M. WINOCK, Le Siècle des intellectuels, Points, Edition du Seuil P. ORY et J.F.SIRINELLI, Les Intellectuels en France, Paris, Armand Colin M. LEYMARIE et J.F. SIRINELLI (sous la dir.), L'Histoire des intellectuels aujourd'hui, PUF, Paris J. JULLIARD et M. [...]
[...] En Angleterre, être un intellectuel ne signifie pas jouer un rôle politique. S'il peut-être critique, c'est sa dimension d'observateur culturel qui est au cœur de la définition. En Allemagne, la chute du Mur de Berlin n'a pas entraîné une nouvelle volonté de s'engager. A l'Ouest comme à l'Est, les intellectuels n'ont pris aucune part active, ni à la révolution pacifique, ni à la réunification, et contrairement à d'autre pays d'Europe de l'Est, il n'y a jamais eu en RDA une opposition significative. [...]
[...] Dans un premier temps, nous étudierons la défaite éventuelle de l'intellectuel engagé, avant d'interroger les mutations apparues dans le monde intellectuel qui permettent de penser le rôle de cette figure historique dans la contemporanéité. I. La défaite des intellectuels engagés ? Tout d'abord, force est de constater que la figure de l'intellectuel engagé est contestée bien avant les années 80. Bien que très populaire, JP. Sartre cristallise aussi les attaques contre cette forme d'intellectualisme idéologisé dont il se réclame, notamment de la part de son confrère, R. [...]
[...] Les figures classiques du philosophe et de l'écrivain perdurent. Par exemple, en Inde, Arundhati Roy, en plus de son activité littéraire, milite pour la défense des populations les plus défavorisées, et a surtout dénoncé le projet de barrages sur la Narmada. Emergent aussi de nouvelles personnalités. Des médecins se prononcent sur des problèmes qu'ils traitent au quotidien, comme Véronique Vasseur dans son livre sur la vie dans les prisons, Médecin- chef à la Santé. Des ONG comme Médecins sans Frontières s'engagent publiquement, prônant la nécessité du droit d'ingérence. [...]
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