Philosophie mal
Dissertation entièrement rédigée sur le thème du mal.
[...] III.2 L'homme est très fort quand il se contente d'être ce qu'il est Rousseau Cette phrase de Rousseau, qui apparaît dans L'Emile, consacre une forme d'autarcie que doit poursuivre l'homme, qui consiste, en termes spinozistes, à persévérer dans son être. Le seul mal pour l'homme est de ne pas continuer à être ce qu'il est, de s'altérer : la réalité dans laquelle il s'est maintenu doit demeurer une norme pour ne pas céder à la folie. La folie de Lady Macbeth, en tant qu'aliénation, marquée par un langage qui devient l'autre du langage tragique (le vers), nous montre l'altération, le devenir-autre, d'un être qui n'a pas eu le courage de conserver la puissance de sa volonté, bonne ou mauvaise. [...]
[...] La beauté lyrique de la phrase rousseauiste (il faut se rappeler que Rousseau est avant tout musicien) est fondée sur l'harmonie de la phrase, reflet dans l'image littéraire d'une réalité harmonieuse ordonnée par Dieu dans la nature. Conclusion L'image apparaît comme une puissance maléfique : elle fascine et détourne l'homme de la réalité, le poussant à la démesure. Maîtresse d'erreur et de fausseté elle produit une fatale confusion entre l'être et son apparence, au point que l'être ne finit par être qu'apparence, et que l'apparence acquiert un statut d'être. Retrouver la réalité s'avérera douloureux, mais c'est peut-être en renversant l'image contre l'image qu'on peut y parvenir. [...]
[...] ] vivre comme un couard à tes propres yeux laissant "je n'ose pas" escorter "je voudrais"? Chez Rousseau, la notion d'amour-propre est liée, comme l'a montré Jean Starobinski dans La Transparence et l'obstacle, au triomphe d'une société de faux-semblants, où la transparence des êtres est voilée par l'opacité des apparences. La critique virulente du vicaire à l'égard des religions révélées illustre cette prédominance d'une image à laquelle les autorités religieuses nous imposent de croire, alors que pour le vicaire, Dieu est dans le cœur de tout homme, il n'a pas de représentation, suivant le troisième commandement : tu ne feras point d'image fabriquée II.2 Un monde de spectres Ce monde-là est essentiellement présenté comme un monde dans lequel les êtres ont perdu leur nature, ont perdu leur être, et ne sont devenus que des âmes errantes, des spectres. [...]
[...] Macbeth nous montre la réalité des images, en particulier la manière avec laquelle les paroles obscures qui ne sont qu'images comprises d'abord comme absurdes par Macbeth deviennent substantielles : c'est le cas de la forêt qui avance contre lui (composée en réalité de l'armée de Malcolm et Macduff) et de l'homme qui n'est pas né de femme II.3 L'interprétation des signes et le malheur de l'homme Ce qui fait le malheur de l'homme est certainement la confusion qu'il fait entre les signes et les choses : il prête trop d'attention à des représentations qu'il surinterprète, et voit une signification là où il n'y a qu'un phénomène. L'homme cherche des profondeurs là où il n'y a que des surfaces. Firmin, au moment où il a enfin en sa possession la procuration de madame Numance, commence à hésiter, et se demande si ce n'est pas elle qui l'aurait trompé : Madame Numance cueillait des narcisses et écoutait chanter les mésanges. [...]
[...] De l'image ou de la réalité, laquelle est la plus nuisible ? Introduction L'attention à l'image, dénoncée par certains comme mal contemporain, n'est pourtant pas une nouveauté : si la multiplication des images et la normalisation des comportements individuels a pris au XXe siècle une grande ampleur, l'homme ne mesure pas d'aujourd'hui la puissance et l'ambiguïté des images, en particulier de celles que les individus se renvoient les uns aux autres. On peut noter une tradition de méfiance à l'égard de l'imagination, entendue comme production d'images dans la conscience (souvenir, imaginaire, illusion héritière d'un débat byzantin sur l'iconoclasme qui postulait un danger et une transgression de la part des images, en suivant le troisième commandement : tu ne te feras point d'image taillée Face à cet ancien débat, et à la lumière de Macbeth de Shakespeare, La Profession de foi du vicaire savoyard de Rousseau et Les Ames fortes de Giono, on se demandera si l'image, qui n'a pourtant aucune consistance substantielle, peut être plus dangereuse que la réalité. [...]
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