« Les lois de nos désirs sont des dés sans loisir », le jeu de mots de Robert Desnos pointe sans lourdeur superfétatoire la liberté débridée et intense des désirs, leur intensité qui amène l'homme à se détourner encore et toujours du contentement présent. Parce que cette formule plaisante réussit à traduire le mystère incompréhensible des désirs, elle fait réfléchir sur le lien entre les désirs et l'inconscient. L'hypothèse de l'inconscient rend-elle inutile la maîtrise des désirs ?
L'enjeu de cette question concerne clairement la gestion actuelle de nos désirs dans la mesure où le centre de son problème concerne l'évolution de la conception de l'homme : comment l'hypothèse de l'inconscient renouvelle la conceptualisation des désirs, en particulier en comparant le désir vu selon le point de vue de la philosophie de la conscience souveraine et le désir du point de vue de la psychanalyse ou de toute philosophie critique de la conscience en général.
[...] - Le centre du problème qui fait obstacle à la solution c'est donc la conception de l'homme soit comme être pleinement conscient, les désirs sont alors maîtrisables, soit comme jouet de son inconscient, alors les désirs sont autonomes. Eléments de solution - Admettre qu'il est raisonnable de maîtriser les désirs parce qu'autrement le cycle est répétitif et morbide. Point d'appui, Platon et les degrés de l'amour ; contre-point, le mythe des androgynes. - Admettre qu'il est prudent de ne valoriser exagérément ni la conscience puisqu'elle ne sait pas tout ni l'inconscient puisqu'il n'est qu'une hypothèse indirectement légitime. [...]
[...] 2e paramètre : tenir compte de la société dans laquelle se vit le désir, plus une société est coercitive, plus la menace sur le désir est forte et plus la sublimation s'impose. Maîtriser le désir selon le type de société, c'est admettre que la satisfaction peut être plurielle. 3e paramètre : tenir compte du sujet du désir, plus ou moins apte à supporter la vérité sur lui-même et à accepter ses désirs propres et non pas imposés par les normes sous forme d'envie qui pousse à l'imitation. [...]
[...] Argumentation de la thèse - Premier argument : la maîtrise des désirs est rendue inutile par l'hypothèse de l'inconscient parce que la conscience n'est pas capable de connaître tous les phénomènes psychiques qui traversent l'homme. Point d'appui, Spinoza, les sentiments sont des désirs dont nous n'identifions pas toujours la cause. - Deuxième argument : la maîtrise des désirs est rendue inutile par l'hypothèse de l'inconscient parce que les désirs eux-mêmes sont de même nature que l'inconscient, produits par le principe de plaisir, inapte à se laisser réguler. [...]
[...] - Troisième argument : la maîtrise des désirs est rendue inutile par l'hypothèse de l'inconscient parce que toute régulation suppose une conscience souveraine, capable d'atteindre la pleine conscience de soi-même, vision illusoire de l'être humain. Point d'appui, Nietzsche Conséquences de la thèse - conséquences dans la logique de la thèse : Critique de la morale classique comme inutile ou dangereuse puisqu'elle brime l'individu, comme le montre l'hystérie. Valorisation de la psychanalyse pour déloger le refoulé lorsqu'il est source de conflit intérieur. [...]
[...] - Indiquer que du point de vue de l'antithèse, l'hypothèse de l'inconscient ne remet en question ni la force de cette fin ni l'intérêt de la maitrise parce que la réalité du désir reste identique. Point d'appui : comparaison Spinoza/Freud Argumentation de l'antithèse - Premier argument : la maîtrise des désirs garde son utilité malgré l'hypothèse de l'inconscient parce que les désirs débridés sont sources de désordre et de souffrance compte tenu de l'impossibilité effective de les satisfaire tous. A contrario, les juger, les classer, c'est pouvoir satisfaire ceux qui sont en accord avec la nature. [...]
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