Dissertation de philosophie effectuée dans le cadre d'une licence de philosophie à Paris X notée alors 16 sur 20. L'accent est porté, dans ce développement, sur une desubjectivation de la pensée depuis la philosophie moderne et contemporaine jusqu'au domaine de la neurologie. Les nombreuses références en font un outil précieux sur le thème de la pensée.
[...] On comprend donc que l'évidence que semble représenter la pensée humaine n'est due qu'à la structure du langage, qui pousse à supposer, par une application détournée de l'usage grammaticale au monde, plus qu'à connaître avec certitude". Il se dresse donc un parallèle avec la "pensée" chez Deleuze, qui est une "rencontre" de forces, l'homme pour lui ne pense pas, au sens où cela impliquerait une volonté d'action. Ce qui pense en réalité y est bien "forcé" c'est "l'expérience de la nécessité", ce n'est donc aucunement une force volitive mais bien le résultat d'une rencontre de forces. Dans cette perspective, admettre que l'homme pense c'est considérer qu'un individu peut être "contraint" de penser. [...]
[...] Foucault, dans le tome I de son Histoire de la sexualité va dans le sens de cette association entre le corps et la pensée. En effet, il s'attache à peindre le pouvoir sur la vie des individus qui se développe à partir du 17e siècle. C'est, dit-il, "sur la vie maintenant et tout au long de son déroulement que le pouvoir établit ses prises; la mort en est la limite, le moment qui lui échappe". Ce pouvoir se développe sous deux formes, la première, "anatomo- politique du corps humain" été centrée sur le corps comme machine". [...]
[...] De cette façon, puisque la nature l'a formé au "bon sens", l'homme possède en puissance le maximum de pensée possible; en d'autres termes, il est capable de penser, en droit, avant même de rencontrer les objets de sa pensée. Si l'homme peut penser sans aucune médiation, il semble que ce soit la pensée qui joue ce rôle de médiateur avec le monde qui l'entoure. Dans ce rapport direct où l'home apparaît comme individu "doué pour" (auquel on a "donné") la pensée, l'homme pense comme il vit, de manière inconditionnée (en droit) et nécessaire; parce qu'il vit, l'homme pense. A l'opposé de cette compréhension de l'homme se dessine celle qui naît du rapport indirect qu'il entretiendrait avec la pensée. [...]
[...] Dans cette optique, c'est le rapport au monde qui génère la pensée et non plus celle-ci qui le structure. D'autre part, Locke évoque une autre source d'idées,"la perception interne des opérations de l'esprit lui-même", et souligne par là l'expérience de la pensée par l'homme. Ainsi, pour Locke, l'homme pense au moyen de l'expérience de la même façon qu'il expérimente sa pensée. Il semble donc que le rapport qu'il entretient avec la pensée définisse l'essence de l'homme. Au vu des deux grandes approches classiques se dégagent deux rapports particuliers à la pensée; l'un direct, l'autre indirect. [...]
[...] En effet, le terme "penser " semble si riche d'interprétations que sa caractérisation pose de nombreux problèmes. Face à cette somme de significations qui, on l'a vu, sont déterminantes dans la compréhension de l'homme, Nietzsche est l'un des premiers à remettre en cause l'évidence et même l'existence de la pensée en s'attaquant frontalement à Descartes. En effet nous dit-il dans le paragraphe 16 de son Par-delà Bien et Mal; "il reste toujours d'inoffensifs observateurs de soi pour croire qu'il y'a des certitudes immédiates, par exemple "je pense", ou ( ) je veux : comme si, en quelque sorte, il était donné au connaître de saisir ici son objet pur et nu, comme "chose en soi", et sans qu'intervienne de falsification ni du côté du sujet, ni du côté de l'objet". [...]
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