La théorie de la guerre juste a donc pour but de délimiter un usage de la violence politique qui soit éthiquement approprié. Elle propose une ligne de conduite pour les Etats dans les situations de conflit, et montre que l'entrée en guerre, sauf dans certaines circonstances délimitées, est moralement condamnable. Cette théorie se distingue à la fois de l'école réaliste (profondément sceptique sur l'application de principes moraux comme la justice aux questions de politique étrangère, car seuls le pouvoir et la sécurité nationale motivent l'Etat pendant la guerre), et de l'approche pacifiste (dans laquelle la meilleure solution est toujours de ne pas conduire une guerre, alors que la théorie de la guerre juste est plus permissive sur la question).
[...] - Le but ultime doit être le rétablissement de la paix, et la paix établie après la guerre doit être préférable à la paix qui prévalait antérieurement Le jus in bello : dans la conduite de la guerre, les critères suivants doivent notamment être respectés : - L'obéissance aux réglementations internationales, particulièrement à celles qui interdisent certaines armes (chimiques, biologiques, nucléaires). - La distinction entre combattants et non-combattants : les civils ne doivent pas être les cibles de la guerre, et des efforts doivent être entrepris pour éviter de tuer des civils. La mort des civils est justifiable seulement s'il s'agit de victimes inévitables d'une attaque sur une cible militaire. - La proportionnalité entre les moyens utilisés et l'objectif militaire légitime que l'on veut atteindre. - Le respect des conventions internationales sur les prisonniers de guerre. [...]
[...] - L'ultime recours : une guerre est juste seulement si elle est déclarée en dernier recours, toutes les options non-violentes doivent avoir été tentées avant que l'usage de la force puisse être justifié. - La proportionnalité : il faut prendre en considération le bien attendu de la guerre par rapport aux dégâts qu'elle entraîne : une guerre ne peut pas être menée si l'on peut prévoir qu'elle causera au total plus de mal que de bien. - Une probabilité raisonnable de succès : on ne peut pas justifier moralement qu'il y ait des morts et des blessés pour une cause désespérée. [...]
[...] II/ La guerre juste dans les débats actuels Une interrogation sur les critères de la guerre juste est toujours d'actualité. Celui qui mène la guerre doit de plus en plus tenir compte du fait qu'il ne s'engage pas seul dans la guerre, et pour cela s'assurer un soutien populaire en justifiant moralement la guerre. La guerre a souvent été justifiée par des obligations morales imposées aux hommes par la croyance, qui selon eux rendent leur cause juste. Il en est ainsi des nombreuses guerres de religion, Croisades, Djihad. [...]
[...] Cependant, dans ce cas, on voit que les critères de la guerre juste ne sont pas tous respectés. On constate en effet que la guerre contre l'Irak est une guerre préemptive, et non pas une guerre de défense en réaction à une attaque ; de plus ce n'est pas en dernier recours ni de manière proportionnelle que la force armée a été employée ; il n'est pas certain que l'intention était droite, car l'existence d'armes de destruction massive en Irak n'était pas prouvée ; les chances d'atteindre l'objectif visé étaient faibles ; les principes du jus in bello n'ont pas tous été respectés (il est très difficile de faire une différence objective entre les non-combattants et des terroristes difficilement identifiables, les civils deviennent donc facilement des cibles). [...]
[...] La théorie de la guerre juste a donc pour but de délimiter un usage de la violence politique qui soit éthiquement approprié. Elle propose une ligne de conduite pour les Etats dans les situations de conflit, et montre que l'entrée en guerre, sauf dans certaines circonstances délimitées, est moralement condamnable. Cette théorie se distingue à la fois de l'école réaliste (profondément sceptique sur l'application de principes moraux comme la justice aux questions de politique étrangère, car seuls le pouvoir et la sécurité nationale motivent l'Etat pendant la guerre), et de l'approche pacifiste (dans laquelle la meilleure solution est toujours de ne pas conduire une guerre, alors que la théorie de la guerre juste est plus permissive sur la question). [...]
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