Faut-il fixer les règles de ce qu'on appelle la bioéthique ? Fiche de réflexion de 3 pages
On se moque volontiers des moralistes, qui, choqués par la technicisation de la procréation humaine, ont commencé par condamner la contraception, puis, se résignant à la contraception, ont condamné la fécondation en éprouvette suivie d'implantation de l'embryon dans l'utérus, puis admettant la fécondation in vitro ont refusé le tri embryonnaire?Ces moralistes, dit on souvent, sont des esclaves de la science : ils voient les difficultés éthiques des innovations, puis devant le succès de ces innovations, ferment les yeux sur ces mêmes difficultés. Claude Huriet (sénateur honoraire, prof de médecine) est ouvertement contre le clonage thérapeutique, défend « le respect de la vie dès son origine »(perte d'une chance car l'embryon ayant servi de « matière pemière » sera détruit). Il explique que le prélèvement de cellules sur un embryon humain condamne cet embryon, qui, en aucun cas, ne pourra être implanté dans un utérus pour y poursuivre son développement. Pour lui , « dans un domaine aussi grave et qui concerne le sens de la vie et la dignité de l'être humain, « la fin ne saurait justifier les moyens » ». Axel Kahn ajoute que le danger de l'autorisation du clonage thérapeutique, c'est aussi celui du passage facilité au clonage reproductif, qui risquerait de conduire à des abus en tous genres et d'imposer une forme d'eugénisme qui n'est bien évidemment pas acceptable d'un point de vue moral, puisqu'il s'agirait de choisir qui mérite de vivre et qui ne le mérite pas (sélection des naissances?). Par ailleurs, il montre qu'il reste à établir si l'autorisation rapide du clonage thérapeutique se justifie pleinement du point de vue de l'urgence de la recherche de nouveaux traitements. Pour lui, la réponse est non : les objectifs de la médecine régénératrice pourraient être atteints grâce à l'utilisation de cellules souches issues de tissus non différenciés (= non embryonnaires, mais adultes), comme ceux du foie, des muscles, du sang de cordon?
[...] D'où vient notre dignité ? Certains diront de ce que nous faisons avec notre patrimoine génétique, alors que d'autres parlerons d'une vocation surnaturelle d'une alliance avec Dieu il est sans doute trop facile de placer cette dignité dans une configuration génétique, ou dans la matérialité d'une cellule. Il est moins facile, mais plus enrichissant, de la considérer comme un engagement à se conduire d'une certaine manière »(Anne Fagot-Largeault). Elle ajoute que par transfert, une cellule qui n'est pas un embryon redonne un embryon. [...]
[...] Pour cela, il faut transplanter l'embryon cloné dans l'utérus d'une mère porteuse. Ces cellules souches sont intéressantes pour deux raisons : d'abord, elles se multiplient indéfiniment, et ensuite elles peuvent se différencier pour se transformer en toutes sortes de cellules. Une source de progrès potentiel énorme pour la médecine de demain Si le clonage reproductif est condamné sans réserve par tous les Etats et par toutes les équipes de veille déontologique et éthique des médecins et chercheurs en biologie humaine, les avis sont beaucoup plus partagés sur la question de savoir s'il faut autoriser ou non le clonage thérapeutique, qui est destiné à remplacer des tissus ou organes déficients d'une personne malade. [...]
[...] Le clonage thérapeutique pourrait viser à soigner des patients atteints de maladies dégénératives comme la maladie de Parkinson ou de Huntington, à réparer des tissus osseux ou pour réaliser des greffes de cellules secrétant de l'insuline pour les patients atteints de certaines formes de diabète. Le principe des autogreffes ne soulève aucune difficulté. Mais par contre, lorsque les greffes proviennent de cellules souches allogènes qq d'autre), il existe un risque médical, car le receveur présente un risque possible de rejet immunitaire du greffon du fait que son patrimoine génétique diffère de celui du donneur. Pour prévenir ce rejet, on doit recourir à des médicaments immuno-suppresseurs qui réduisent les moyens de défense de l'organisme, ce qui pose quand même un problème important. [...]
[...] La loi du 6 août 2004 sur la bioéthique a autorisé que, pendant une période expérimentale de 5 ans, des recherches soient menées sur des embryons issus de fécondations in vitro mais qui ne font pas l'objet de projet parental. Autrement dit, des embryons destinés à être détruits. Le décret d'application de cette loi est paru il y a quelques semaines seulement. Les chercheurs vont donc pouvoir se mettre au travail, et en France, une nouvelle ère semble s'ouvrir pour la recherche génétique. [...]
[...] Cette loi a par ailleurs créé l'Agence de la biomédecine, destinée à regrouper en son sein ses différents aspects (lien avec les associations, saisine parlementaire possible), ce qui montre la volonté de débat qui anime encore le législateur sur la question des limites à accorder à la recherche bioéthique. (en Europe, les lois sont très variables en la matière, mais GB = les plus flexibles). [...]
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