Plaisir disparait, espérance de jouir, Mallarmé, répétition du plaisir, plaisir transgresse, mémoire du plaisir vécu
Il est vrai que ce vers fait entendre une langueur proche de l'abandon amer, comme si le poète disait ne plus ressentir le désir du plaisir. Ne plus être appelé par la tension du « vivre », par l'espérance d'un jouir, par le mirage d'une émotion « de plus ». On peut bien imaginer que le plaisir n'ait plus de sens lorsque s'éteint le désir. Le plaisir peut ennuyer !
[...] Ainsi peut se comprendre le vers de Brise Marine Ce qui semble désespérer Mallarmé, c'est que le plaisir n'ait pas de mémoire. Cet ennui, cette lassitude devant les objets du plaisir, la chair et les livres, révèlent le délitement de la mémoire du plaisir vécu, on entendrait presque l'auteur ajouter la chair . encore ! Les livres . encore ! Ce encore qui est symptomatique d'ordinaire du plaisir réussi qu'il faut réitérer, devient ici la raison d'une sorte de pesanteur à assumer ! [...]
[...] Avoir du plaisir, ça ne peut pas s'obtenir sur recette et à la demande, par application d'un protocole dont on saurait qu'il procure (ou a procuré) du plaisir une fois déjà. Le plaisir s'épuise par sa répétition, s'étiole dans son intensité par sa mécanique, à laquelle manifestement il ne se réduit pas. D'ailleurs notre poète dit bien que la chair est triste et non quelle ne produit plus de plaisir en soi ! Elle est triste, elle ennuie dans sa réalisation même du plaisir produit ! Ce n'est pas une impuissance du plaisir ou sa disparition, c'est son inefficacité. Le plaisir répété ne fait plus plaisir ! [...]
[...] En ce sens, le plaisir pour Mallarmé semble épuiser le désir, le vider de sa tension. N'est-ce pas tout ce qui anime la course dramatique du personnage de Don Juan dans la pièce éponyme de Molière ? Surtout pas de plaisir ! Si le plaisir est consommé, si la conquête s'abandonne, si la jouissance est atteinte, tout s'effondre et la jubilation du désir, cette puissance volcanique de la poursuite et de la conquête s'éteignent et l'objet de cette tension salutaire ne devient que chair répétitive et muette au désir. [...]
[...] ] et qu'il a lu tous les livres sachant la valeur métaphorique de cette exhaustivité impossible mais qui fait signe vers l'inévitable ennui de la répétition, . ] toujours pareil de toute façon ! La tristesse désigne bien ce plaisir qui doit être retardé et retenu, impossible et tenu à distance, car au moment où il se réalise, il s'éteint en s'accomplissant. Tristesse du plaisir, tristesse post-coïtale disent les sexologues s'agissant du plaisir masculin ! On est donc triste d'avoir eu du plaisir car c'est la certitude que c'en est terminé pour le plaisir ! [...]
[...] Que faire quand le plaisir disparait, lorsqu'il n'y a plus cette espérance de jouir ? Il est vrai que ce vers fait entendre une langueur proche de l'abandon amer, comme si le poète disait ne plus ressentir le désir du plaisir. Ne plus être appelé par la tension du vivre par l'espérance d'un jouir, par le mirage d'une émotion de plus On peut bien imaginer que le plaisir n'ait plus de sens lorsque s'éteint le désir. Le plaisir peut ennuyer ! [...]
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