Quand nous voyons aujourd'hui le nombre d'objets techniques dont s'entoure un adolescent dès son réveil : téléviseur, téléphone portable pour lire ses derniers messages, jusqu'au soir : à surfer tard sur le net, entre blogs, MSN et jeux vidéo, nous pouvons nous demander si nous ne sommes pas en train de devenir de plus en plus esclaves des objets techniques.
La technique est l'ensemble des procédés servant à produire un certain résultat, et l'objet technique prend fonction du côté de la valeur d'usage ; il est un moyen pour atteindre nos fins, à nous humains, animaux dépourvus qui sommes cependant dotés de la faculté de fabriquer des
instruments inorganisés. Dès ses débuts, l'humanité a inventé des artifices. A priori, la technique semble nous libérer, alléger le travail et l'effort. En quoi pourrions-nous être les esclaves des objets techniques ?
Un esclave littéralement selon Aristote est pour le maître comme l'outil pour l'artisan, à savoir un instrument, mais un instrument animé, qui n'a pas de vie propre, un agent occupé à des fins qu'il n'a pas fixé lui.
Comment admettre alors qu'il puisse y avoir une telle perversion, un tel renversement, qui fasse du maître l'outil son esclave ? Peut-on véritablement filer une telle métaphore de l'esclavage d'un homme à l'égard d'un objet technique ? Est-ce possible ? Est-ce permis ? A priori l'évidence est inverse.
[...] Il est auxiliaire de l'homme pour produire ses moyens d'existence. Et quand l'homme a pu inventer des machines, il a pu aussi se passer d'esclaves comme le prophétisait le même Aristote dans les Politiques. Les machines effectuent toutes seules la tâche, l'homme se trouve libéré de la peine et gagne un temps libre pour faire des activités plus intéressantes, secondé par les machines.
Et même certaines machines font ce que l'homme ne peut faire, commandées par lui (...)
[...] En ce sens, de même que le moment du machinisme avait accéléré l'exploitation du travailleur, puisqu'il avait été pensé pour le profit de certains, de même les nouvelles technologies, entre les mains de certaines dont elles permettent les profits spectaculaires ouvrent la voie à un totalitarisme larvé dont les maîtres n'auront pas de visage, nous prédisposent aux régimes totalitaires, qui s'installent sournoisement. Conclusion : L'émerveillement légitime devant les objets techniques, qui manifestent nos aptitudes humaines à les concevoir, ne doit pas nous faire oublier de rester éveillés sous peine de devenir esclaves de nouveaux despotes qui pervertiraient la finalité des objets techniques à leur profit, mais non sans notre consentement ne l'oublions pas ! [...]
[...] II- Pouvons-nous donc parler d'esclavage à l'égard de certaines objets techniques ? Nous devons d'abord admettre que le machinisme n'a pas été pensé pour libérer les hommes mais pour le profit de certains, ce qui s'est traduit pour les autres par : - Une aliénation dans le travail, comme le dénonçait Marx : la machine alors supplante l'ouvrier qui doit la suivre, elle le domine comme un maître, c'est que nous montre le film de Charlie Chaplin Les temps modernes : l'ouvrier dans le travail à la chaîne est asservi à la machine, qui impose son rythme de travail, travail mécanique, dans lequel l'homme ne manifeste plus son ingéniosité. [...]
[...] L'adulte d'aujourd'hui est tel un esclave incapable de se libérer de son activisme, de son activité intarissable qui l'exclut du monde spirituel et le met au rang des animaux comme le dit Kierkegaard. Transition : Ne conviendrait-il pas alors mieux de parler de dépendance que d'esclavage ? Mais une dépendance se soigne. III Une expression esclave qui n'a finalement pas de sens. On peut poser un outil, s'éloigner d'un instrument, débrancher une machine, s'il y a sentiment d'esclavage, ou réalité d'un esclavage, cela n'a pas de sens de penser que c'est à l'égard de l'objet technique. [...]
[...] Certes on ne change pas tout seul les choses. Nous pouvons penser que c'est difficile, si on est seul à vouloir un tel rejet. Mais à l'heure du village planétaire dont on nous faire croire qu'il se réalisera sur Internet grâce à la toile, nous savons qu'Internet n'est qu'un moyen, et qu'organiser une vie collective des hommes où il n'y ait ni maîtres ni esclaves et où tous participent aux progrès accomplis et en profitent relève d'une réflexion et d'une bonne volonté proprement humaines. [...]
[...] On peut de temps à autres tester notre aptitude à se passer d'éléments du progrès technique, comme on le fait l'été éventuellement. Mais c'est provisoire, et ce serait stupide et non envisageable de vouloir abolir les acquis du progrès, la vraie liberté à l'égard des objets techniques ne se mesure pas quand on en est dépourvu mais à notre capacité à vivre dans un environnement technique en maîtrisant l'usage qu'on en fait : on peut éviter de prendre sa voiture pour faire 300 mètres, on peut éteindre son portable, limiter son accès sur le net . [...]
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