Etat pouvoir droit et société
[...] Si les libertés, les ambitions, les passions, les intérêts individuels sont causes de l'état de guerre qui est ruineux pour tous, les individus ne peuvent que prendre conscience des méfaits de l'état de nature et aspirer à entrer dans l'état civil d'eux-mêmes, sans y être contraint par une force étrangère. Les individus eux-mêmes peuvent donc décider eux-mêmes de mettre fin à l'état de guerre et d'entrer dans l'état civil. Comment ? Par un contrat qui va les lier les uns aux autres. Telle est la solution proposée par Hobbes. [...]
[...] Mais comment y parvenir autrement puisqu'on ne peut parvenir à la paix et à la sécurité publique qu'en limitant les libertés et droits individuels ? Comment l'Etat peut-il simultanément tenir les individus pour des hommes qui comme tels ont des droits et comme des citoyens qui comme tels ne peuvent qu'avoir des devoirs envers tous les autres et la collectivité dans son ensemble ? Comment l'Etat peut-il exercer une autorité qui nie les libertés individuelles en ce qu'elles ont d'absolu et néanmoins les respecter intégralement ? Ce problème est le symétrique de celui qu'on avait d'abord posé. [...]
[...] C'est ainsi que l'Etat est institué par les individus eux-mêmes dans le but de sortir de l'état de guerre. Soit, mais comment l'Etat ainsi constitué va-t-il maintenant s'y prendre pour instaurer ce qu'il a pour fonction d'instaurer : la paix et la sécurité civile ? " Hors de l'état civil, chacun jouit sans doute d'une liberté entière, mais stérile ; car, s'il a la liberté de faire tout ce qu'il lui plaît, il est en revanche, puisque les autres ont la même liberté, exposé à subir tout ce qu'il leur plaît. [...]
[...] Pourquoi une définition totalisante et une autre restrictive ? Pourquoi, du point de vue des individus, une définition qui exprime une relation d'appartenance, d'immersion même et une autre, qui tout au contraire, traduit une distance et fait de l'Etat quelque chose d'étranger, voire d'hostile ? Pourquoi une définition chaude de l'Etat et une autre froide ? La chaleur du pays, de la patrie, des réjouissances et célébrations collectives et la froideur du monstre froid, de la matraque et du fisc ? [...]
[...] Pourquoi ? C'est pourquoi tous les problèmes de la philosophie politique (moderne) tiennent dans celui-là : comment, pour être légitime, l'Etat doit-il s'y prendre pour simultanément exercer son pouvoir en vue de l'intérêt général, ce qui implique d'imposer des devoirs aux individus, tout en respectant et en faisant respecter les libertés individuelles et/ou les droits auxquels les individus ont droit en tant qu'hommes ? Problème qui peut être posé de deux manières : Pourtant, malgré cette double contradiction, il est vrai aussi que les deux conditions qui garantissent à l'Etat sa légitimité sont liées et même indissociables pour une raison majeure : la fin d'intérêt général la plus fondamentale de toutes est pleinement en accord avec la première exigence des individus : la paix et la sécurité civiles. [...]
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