La philosophie stoïcienne d'Epictète, opposée à celle des épicuriens, se place dans une éthique de la fermeté (Aristote), qui confine même à la dureté chez certains de ces collègues stoïciens. On se souviens de la maxime célèbre : « Supporte et abstiens toi ! ». Supporter les souffrances (comme pour le taureau de Phalaris) est une exigence de tous le stoïciens qui refusent d'afficher leur souffrance. Cette idée est ici l'opposée de celle d'accomplissement (eudaimonia) que l'on trouve chez Aristote.
[...] Epictète distingue ici : ce qui dépend de nous (ta eri emin) de ce qui ne dépend pas de nous (ta oukef emin) L'illusion de croire que l'on peut agir sur ce qui ne dépend pas de nous (l'opinion que les autres ont de nous par exemple) nos amène irrémédiablement à renier ce qui dépend vraiment de nous, avec pour risque la dilution de notre attention (relâchement) ou l'affectation. Il y a chez Epictète une description de la peur de la peur que reprendra Fromm (peur de la liberté). Accepter sa puissance limitée mais réelle sur ce qui dépend de nous, reconnaître notre impuissance pour ce qui ne dépend pas de nous et pour Epictète et les stoïciens la seule attitude digne d'un homme libre. [...]
[...] On pense ici au concept de médiété chez Aristote. Epictète nous dit que la contrainte amène à mourir et fait de cette dernière un phénomène secondaire et va nous insister à toujours mettre à l'épreuve notre détermination Il nous faut nous espionner sans cesse nous-mêmes ! Le relâchement nous entraîne dans des actions passives citées plus haut (liées aux circonstances, à autrui, à la malchance). Chacun est ici seul responsable de ses actions et de ses représentations (qu'il faut à tout prix maîtriser car c'est notre représentation des choses qui fixe notre action). [...]
[...] Cette idée est ici l'opposée de celle d'accomplissement (eudaimonia) que l'on trouve chez aristote. Les stoïciens se réapproprient la théorie dite des trois vies (antérieures) : De jouissance Active (politique ou ave autrui par exemple) Contemplative (quasi divine) Ils réfutent bien sûr la première d'entre elle dans un souci d'absolu et de rigueur et ajoutent une vie raisonnable (logikos bios) qui est ici une synthèse entre deux propositions d'Aristote et proposent de contempler dans la vie quotidienne. Dans le paradoxe du destin et de la liberté d'agir, les stoiciens pensent que les choses arrivent telles qu'elles doivent arriver mais aménagent tout de même une place à) la liberté d'action. [...]
[...] Cette éthique virile refuse donc ici toute plainte, toute faiblesse et bannit toute complaisance. Chez les stoïciens, cette complaisance empêche de progresser et on pense ici à la morale des samouraïs (dans Hagakure par exemple) qui exclut tout épanchement (à l'opposé de ce que prônera la psychanalyse comme élément thérapeutique). Epictète nous apprend à rester sur nos gardes et cet exercice doit être permanent. C'est dans cet infléchissement sensible de la pensée aristotélicienne que se situe l'originalité d'Epictète. Arrien, son disciple nous livre les quatre premiers livres de ses Entretiens sous formes de diatribes et d'exhortations. [...]
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