Les échanges

Résumé du document

Les échanges, fiche de 4 pages en philosophie



Le commerce et les échanges semblent essentiellement des objets de la science économique. Mais, historiquement, c'est d'abord la philosophie qui les constitue comme des objets de réflexion théorique. L'économique est une partie de l'éthique, chez Aristote comme chez Thomas d'Aquin. Adam Smith, avant d'être l'auteur de la « Richesse des nations », est celui d'une « Théorie des Sentiments Moraux ». Aujourd'hui, l'économie politique est devenue « science économique ». Il est clair cependant qu'une science économique purement technique laisse échapper la dimension morale et anthropologique* de l'économique. Le commerce n'est pas d'abord l'affaire des « commerciaux », car il s'agit de l'essence même de ce qui fait une société. Et l'argent, une affaire si commune, même pour ceux qui n'en ont guère, se révèle à l'analyse comme une véritable énigme métaphysique ; c'est ainsi que le dit Karl Marx.





I. Introduction à la notion

II. Pourquoi vit-on en société ?

III. À quelle condition un échange est-il possible ?

a) La possibilité de l'échange

b) Economie politique et conception du travail

c) Le travail comme fondement de la valeur

d) Le travail comme activité spécifiquement humaine

IV. Le don est-il un échange économique ?

Extraits

[...] Cette situation est aggravée par la division du travail*. L'ouvrier accomplit une tâche mécanique sans avoir la représentation de ce qu'il fait. Il est condamné à répéter le même geste sans aucune conscience de la chose dans laquelle son travail est investi. Marx appelle cela le travail abstrait ou travail extérieur qui est une véritable perversion du travail : si le travail doit être le moyen par lequel l'Homme accomplit sa liberté, le travail abstrait de l'ouvrier est le moyen par lequel celui-ci est privé de son activité essentielle et réduit au rang d'une machine. [...]

[...] L'Homme est capable de modifier sa Nature, de progresser et d'acquérir des compétences qu'il ne possédait pas au départ. En outre, il se distingue de l'animal en ce qu'il possède l'idée ou la représentation de ce qu'il va faire ; ayant donc ce que Marx appelle une activité vitale consciente c'est-à-dire une capacité de production fondé sur un acte préalable de l'esprit. Enfin, l'Homme ne se contente pas de produire des objets ou de transformer l'environnement : le travail est l'activité par laquelle il concrétise sa liberté et peut ainsi accomplir son être propre n façonnant le monde à l'image de ses désirs. [...]

[...] Toute pratique économique qui ne relève pas de l'échange est bannie (spéculations). Mais si l'argent est ce qui permet de mesurer la valeur des choses, qu'est-ce qui permet de fixer cette valeur ? Ces choses ne possèdent en elles-mêmes aucune valeur intrinsèque*, et n'acquièrent leurs valeurs qu'en fonction des personnes qui en ont le besoin. On a pris l'habitude de concevoir le prix d'une chose comme le rapport entre l'offre, ce qui est effectivement disponible, et la demande, le nombre de personnes qui a besoin de cette chose. [...]

[...] *dénier : rejeter, refuser. Support texte : Dans ces petits établissements où le vin est compris dans le prix du repas, chaque convive trouve devant son assiette une modeste bouteille d'un liquide le plus souvent indigne. Cette bouteille est semblable à celle du voisin, comme le sont les portions de viande et de légume qu'une servante distribue à la ronde, et cependant une singulière différence d'attitude se manifeste aussitôt à l'égard de l'aliment liquide et de l'aliment solide. Celui-ci représente les servitudes du corps, et celui-là son luxe. [...]

[...] Le don est-il un échange économique ? Si l'échange économique est le fondement des rapports humains, et ce qui organise la société, si l'égoïsme est ce qui commande la plupart de nos comportements, le don peut sembler un acte absurde et contraire à notre intérêt personnel. On peut même se demander si un tel acte est seulement possible : le don n'est-il pas la plupart du temps qu'un échange hypocrite où, donnant à l'autre, nous recherchons consciemment ou inconsciemment notre avantage ? [...]