La philosophie antique évoque l'existence d'une nature de l'homme, mais sans l'opposer encore à ce que l'on nomme la culture, et pour simplement caractériser ce qu'il y aurait de commun à tous les hommes. La réflexion sur l'existence de la culture, plus tardive, invite à relativiser, et même à nier, l'application, à l'homme, du concept de nature.
Faut-il alors considérer que la culture supprime cette nature initiale, c'est-à-dire qu'elle « dénature » authentiquement l'être humain ? On constate en fait que l'homme est jeté dans l'existence sans être doté d'une nature ou essence universelle, et c'est bien pourquoi il se réalise de manières si diverses, en fonction de la variété des cultures qui influencent son développement.
[...] La présence, dans l'être humain, d'une nature comparable à celle des animaux signifierait que tout homme, quelles que soient l'époque et la société où il se manifeste, ne ferait que réaliser un modèle universel de comportement : il actualiserait une « essence » idéale à laquelle il ne pourrait échapper. Par principe, en effet, ce qui lui serait ainsi essentiel devrait constituer le coeur ou le fondement de son humanité, de telle façon qu'on en percevrait universellement les manifestations. Est-il possible de découvrir dans l'homme, et à travers la diversité des comportements dont il fait preuve, de tels éléments universels ? Sans doute tout homme doit-il respirer, se nourrir, s'abriter, etc. Mais l'universalité de tels besoins n'entraîne aucunement l'universalité des conduites destinées à les satisfaire, de sorte que l'on est amené à opérer une distinction entre ce qui semble dépendre d'une hérédité biologique (les besoins du corps), et ce qui paraît lui échapper (la façon de combler ces besoins). (...)
[...] En imaginant l'existence première d'un homme de la nature il ne lui accorde rien de plus qu'une existence animale. Le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes le montre vivant seul dans les forêts sans pensée ni langage, sans relation durable (il ne se reproduit qu'au hasard), sans aucune des qualités que l'on attribue ordinairement à l'humanité. Son existence n'est d'ailleurs ni bonne ni mauvaise de tels adjectifs n'ayant guère de sens lorsqu'on les applique à des faits entièrement naturels. [...]
[...] La définition de ce parent peut varier, et être plus ou moins large, mais l'interdit est toujours affirmé, quelle qu'en soit l'ampleur. Or, il peut être interprété de deux façons complémentaires: comme refus d'une jouissance sexuelle immédiate avec le partenaire le plus facilement présent (ce que ne s'interdit aucunement l'animal), et en même temps, sur le plan du groupe humain respectant une loi complémentaire d'exogamie, comme mise en danger du groupe par respect de l'interdit. La prohibition de l'inceste est ainsi une négation du donné de la nature globale (extérieure), et elle s'accompagne d'une conscience de la mort possible (si le groupe ne trouve pas de partenaire extérieurs pour se reproduire). [...]
[...] Est-il possible de découvrir dans l'homme, et à travers la diversité des comportements dont il fait preuve, de tels éléments universels ? Sans doute tout homme doit-il respirer, se nourrir, s'abriter, etc. Mais l'universalité de tels besoins n'entraîne aucunement l'universalité des conduites destinées à les satisfaire, de sorte que l'on est amené à opérer une distinction entre ce qui semble dépendre d'une hérédité biologique (les besoins du corps), et ce qui paraît lui échapper (la façon de combler ces besoins). Or, repérer l'essence de l'homme au seul niveau de sa présence physiologique paraît évidemment insuffisant. [...]
[...] Ce milieu va déterminer la majeure partie de son comportement. S'il est vraisemblable que, dans la préhistoire, l'environnement naturel déterminait majoritairement l'habillement ou la nourriture, le développement historique de cultures différentes aboutit à minorer le rôle de l'environnement naturel, pour définir des modes de comportements dépendant avant tout de l'environnement culturel. C'Est-ce que confirment aussi bien la sociologie de la famille, lorsqu'elle étudie la transmission de certaines valeurs dans le milieu familial, que les études portant sur les jumeaux, qui montrent combien leur conduite, mais aussi leur développement affectif ou intellectuel, dépend, lorsqu'ils sont séparés, de leur milieu d'éducation. [...]
[...] Il apparaît ainsi que, loin de réaliser une essence prédéterminée (par exemple par Dieu), l'homme se réalise lui-même à travers son histoire. Sans doute peut on considérer qu'un tel schéma historique reste élémentaire, et que la présence de la perfectibilité dans le pré-humain pose autant de problèmes (d'où provient-elle?) qu'elle en résout. Il n'en reste pas moins que Rousseau donne ainsi l'exemple d'une conception nouvelle de l'homme qui, dénué de nature initiale, se définit dans et par la culture. De la perfectibilité aux potentialités L'anthropologie contemporaine substitue à la notion de perfectibilité celle de simples potentialités présentes dans tout individu dès sa naissance. [...]
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