[...] Cependant, cette expérience présente parfois des limites et peut même rester totalement impuissante dans certains cas. Tout d'abord, bien que l'expérience guide l'homme constamment dans sa vie, les conclusions tirées des arguments de l'expérience ne sont pas toujours véridiques. En effet, de causes qui paraissent semblables, l'homme associe souvent par habitude des effets semblables (cf. propos de David HUME), qui ne collent pas toujours avec la réalité. Ici réside la première faillibilité de l'expérience. En effet, prenons un exemple simple, un homme ayant compris par expérience, que plus son corps est proche d'une source de chaleur, plus il ressent la sensation de chaleur, pourrait conclure, après être monté à plusieurs milliers de mètres d'altitude en montagne, et s'étant donc rapproché du soleil, que ce dernier ne constitue pas une source de chaleur, puisqu'il ne ressent pas plus de chaleur qu'à cent mètres d'altitude mais au contraire une sensation de « froid ». Sa conclusion étant totalement fausse, l'expérience est donc faillible et l'homme, bien qu'il se fie par nature et accoutumance à elle, devrait mesurer ses conclusions avant parfois d'agir. La première faille que présente donc l'expérience dans la découverte de la connaissance réside dans le fait que les conclusions que l'homme peut en tirer, ne sont pas nécessairement toujours vraies, ce qui pourrait aboutir à une connaissance faussée.
[...] En effet, au sein de la connaissance scientifique, l'expérience, dans le sens de démarche expérimentale ici, joue un rôle, non pas inutile, mais dirons-nous totalement différent. La science résulte tout d'abord de l'observation puis de l'induction. En d'autres termes, à partir d'un nombre limité de cas, dont les effets semblent être identiques, une loi générale est souvent tirée. Par nature, cette induction consistant à mettre en rapport une théorie avec des données concernant des cas particuliers est fautive. En effet, une expérience peut présenter les mêmes résultats et conclusions à plusieurs reprises sans pour autant que ceux-ci soient engendrés par les causes attendues. L'induction peut être fautive, dans la mesure où ce n'est pas le facteur X imaginé par les scientifiques qui est en cause, mais un autre, Y, qui par hasard, reste constant ou change de façon quasi-identique avec le facteur X, sans pour autant que ce dernier soit la cause, et l'observation obtenue soit l'effet.
De plus, la connaissance scientifique présente une particularité dans la mesure où, en plus d'être perturbée et corrompue par l'inductivisme naïf des hommes, elle peut tirer son origine uniquement de la théorie. Dans le cadre des mathématiques par exemple, certaines démonstrations rigoureuses, et non touchées par l'expérience, peuvent être obtenues sans « causalité quelconque apparente » liée à cette dernière. En effet, le moteur de ces aboutissements logiques n'est surtout pas l'expérience, mais sans aucun doute la raison. C'est cette dernière qui est à l'origine de tout savoir lié à la science : sans ce raisonnement logique, les connaissances scientifiques, ne présentant aucun doute sur leur véracité contrairement aux connaissances tirées des « arguments de l'expérience » ne pourraient exister. (...)
[...] En effet : d'où pourrait provenir la raison si ce n'est de l'expérience ? Cependant, la raison aboutissant toujours à des conclusions vraies (si et seulement si les prémisses de départ sont vraies et le raisonnement valide), il est insensé et paradoxal de penser qu'elle puisse venir de l'expérience. De ce fait, la raison et donc la source d'une bonne partie de nos connaissances, et ainsi ces dernières elles-mêmes seraient innées. Le caractère inné et vrai de cette raison assure avec certitude, contrairement à l'expérience, la découverte de connaissances, connaissances qui, selon Platon dans le Ménon, ne seraient pas si découvertes que cela, mais appartiendraient à notre âme antérieurement à son incarnation. [...]
[...] En effet, beaucoup de nos savoirfaire les plus banals désormais, pouvant être presque perçus comme des réflexes ou bien des savoirs naturels sont également issus de l'expérience. Il est évidemment impensable d'imaginer que la conduite d'un véhicule, la lecture d'un livre ou bien encore la connaissance de la réparation d'un moteur de bateau soient des connaissances inculquées dans notre esprit de par un raisonnement quelconque. C'est ainsi par expérience, bien qu'au départ, d'autres personnes nous ont guidés dans ces quêtes de savoir, que nous passons naturellement des vitesses sur une voiture en débrayant ou bien que nous trouvons aisément le point de patinage, c'est par accoutumance qu'un garagiste réparera un moteur tout comme quelqu'un lira en se plongeant dans un roman. [...]
[...] En conclusion, on peut parler de connaissances par expérience à certaines conditions. L'expérience pourrait constituer la seule source du savoir, du fait de sa solide base que représentent nos perceptions mais c'est en réalité une illusion subjective qui établit des relations de causalité fictives et engendrées par l'habitude, se révélant utile mais parfois conduisant à des inductions fautives et donc dangereuses. De ce fait, l'acquisition du savoir ne tire pas uniquement sa source de nos expériences vécues et de nos habitudes mais également de notre raison, présente de façon innée au cœur de notre esprit. [...]
[...] Ici réside la première faillibilité de l'expérience. En effet, prenons un exemple simple, un homme ayant compris par expérience, que plus son corps est proche d'une source de chaleur, plus il ressent la sensation de chaleur, pourrait conclure, après être monté à plusieurs milliers de mètres d'altitude en montagne, et s'étant donc rapproché du soleil, que ce dernier ne constitue pas une source de chaleur, puisqu'il ne ressent pas plus de chaleur qu'à cent mètres d'altitude mais au contraire une sensation de froid Sa conclusion étant totalement fausse, l'expérience est donc faillible et l'homme, bien qu'il se fie par nature et accoutumance à elle, devrait mesurer ses conclusions avant parfois d'agir. [...]
[...] Par conséquent, toute connaissance de l'homme est soumise à deux principes opposés mais complémentaires : l'expérience et la raison. [...]
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