Raison d'Etat, mensonge d'Etat, démocratie, vérité, parole libératrice, libère de l'ignorance
Lorsque dans le prologue de l'Evangile, Saint Jean déclarait qu' « Au commencement était le verbe », ne signifiait-il pas par là que Dieu, qui est vérité, est en même temps parole ? Parce que la vérité est lumière tout autant que parole, la vérité ne peut ainsi apparaître que dans et par
le discours. A cet égard, si l'idée renvoie à l'eidos, elle renvoie alors à la vue ; et celle-ci n'est effective que si lumière il y a. De la même façon, aléthéia (la vérité) manifeste l'idée de quelque chose qui est caché mais qui ne demande qu'à être découvert, c'est-à-dire mis en lumière.
« Dire la vérité » fait par conséquent écho au discours qui éclaire parce que les mots sont lumière.
[...] Dire la vérité fait par conséquent écho au discours qui éclaire parce que les mots sont lumière. Cela se comprend aisément si on se souvient que de même que la vérité est définie comme adéquation entre un énoncé et un objet, de même le discours est énoncé qui dit quelque chose de quelque chose. Comme le discours, la vérité est relation à quelque chose et à quelqu'un. Le philosophe et le scientifique prétendent dire la vérité du monde et le connaitre, l'ignorance étant considérée comme un des maux les plus terribles. [...]
[...] Que serait une société dans laquelle tout le monde dirait la vérité ? Le secret, même dans une démocratie, n'est-il pas le meilleur rempart contre toute dérive ? On peut ainsi se demander si la vérité se résout dans et par le discours ou bien si elle renvoie à une indicibilité dont on ne pourrait évidemment rien dire. Dire la vérité Le versant théorique La vérité comme relation entre le discours (un énoncé) et un objet extérieur au discours. Le sujet qui énonce dit quelque chose de quelque chose. [...]
[...] Se dire à soi-même et à autrui la vérité vs l'illusion. TR : Cependant, s'il est indéniable qu'un objet ne peut être dit faux ou vrai en lui-même mais que c'est bien le discours qui seul revêt ces épithètes, comment dès lors expliquer que nous ne cessons de dire la vérité dans des discours qui s'opposent ou qui se corrigent ? N'est-ce pas parce qu'au fond soit la vérité est hors de l'ordre du discours, soit parce que c'est le discours lui-même qui, tout en n'étant nécessaire n'est pas suffisant ? [...]
[...] Il faut donc se taire : l'aphasia sceptique. Versant politique et juridique Nécessité du mensonge d'Etat vs la transparence est parfois dangereuse. Machiavel conseille au Prince de ne pas que mentir mais de ne pas dire que la vérité. La ruse nécessité le mensonge. A cet égard, Pascal insiste bien sur le fait que la totale transparence en justice est ce qui risque d'impliquer un chaos social. Il faut maintenir l'illusion que les lois sont justes parce que ce sont les lois (et quand bien même on ne sait pas ce qu'est la justice et qu'on sait très bien que le juste est relatif et certainement le fruit de coutumes oubliées) Versant moral Benjamin constant vs Kant L'homme a tendance à mentir (Nietzsche). [...]
[...] Il en va de même de la question de Dieu. Gabriel Marcel disait en substance que lorsque je parle de Dieu, ce n'est pas de Dieu que je parle. En effet, dire que Dieu est bon, n'est-ce pas lui attribuer une qualité dont je ne connais en fait que le sens et la portée humaine ? Si donc la vérité peut nous échapper, c'est alors qu'elle dépasse l'ordre du discours : non pas de nature conceptuelle mais intuitive. De plus, le langage est insuffisant en ce qu'il décrit des énumérations sans fin et formule des opinions, et dans cette perspective le langage est mobilité ; il dit l'existence c-a-d la contingence et la multiplicité des êtres Si la vérité est adéquation entre le discours et la chose il faut que l'être (ce qu'est la chose) puisse être dit. [...]
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