L’histoire de l'esprit humain, philosophes des Lumières, Fontenelle, Bayle, la Pythie, Paul Hazard
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle Diderot affirme : « Nous avons eu des contemporains sous Louis XIV ». Fontenelle et Bayle ont une place de choix parmi eux.
Fontenelle (1657-1757).
Ce bel esprit qui brille dans les salons par sa verve est aussi un authentique homme de culture ; élu à l'Académie française en 1691, il est aussi reçu à l'Académie des sciences en 1697 dont il devient le secrétaire perpétuel. À un mois près, il meurt centenaire, une longévité dont on fait le symbole de la mutation qui mène du classicisme aux Lumières.
Fontenelle est effectivement l'un des artisans de la marche de « l'histoire de l'esprit humain», selon ses propres propos.
[...] La portée de son ouvrage est double, d'une part, il dépeint une histoire des hommes davantage constituée de crimes et de barbaries que d'événements édifiants ; le passé, la tradition ne peuvent donc être des références pour l'homme. D'autre part, la réflexion sur les contradictions des témoignages et des doctrines qui les sous-tendent engendre un scepticisme fondateur de la tolérance. Paul Hazard, la Crise de la conscience européenne, 1680-1715 (1935) Ce vaste ouvrage synthétique est considéré comme un classique de la littérature comparée de la première moitié du XXe siècle. [...]
[...] Il démontre qu'ils ne sont pas les novateurs qu'on a souvent célébrés. À la mort de Louis XIV, toutes les idées qui seront défendues par les Lumières ont déjà été formulées ; le mérite des philosophes du XVIIIe siècle est d'en avoir fait un combat pour les imposer. [...]
[...] La deuxième, Contre les croyances traditionnelles porte surtout sur les religions révélées, elles aussi contestées ; le texte sacré lui-même est objet d'analyses rationnelles scientifiques, comme l'illustre Richard Simon, prêtre oratorien qui est très attaqué par Bossuet, et qui est bientôt exclu de l'Oratoire pour ses œuvres : en 1678 il publie une Histoire critique du Vieux Testament et en 1689 une Histoire critique des textes du Nouveau Testament. La troisième partie, Essai de reconstructions est surtout consacrée à la pensée anglaise. La quatrième, les Valeurs imaginatives et sensitives analyse l'émergence de la psychologie des profondeurs et l'apparition de valeurs subjectives qui s'expriment totalement à partir de 1720 dans le théâtre de Marivaux, et plus tard dans les œuvres de Diderot et de Rousseau. Paul Hazard ne remet pas du tout en question les mérites des philosophes des Lumières. [...]
[...] Deux précurseurs des philosophes des Lumières : Fontenelle et Bayle. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle Diderot affirme : Nous avons eu des contemporains sous Louis XIV Fontenelle et Bayle ont une place de choix parmi eux. Fontenelle L'homme (1657-1757). Ce bel esprit qui brille dans les salons par sa verve est aussi un authentique homme de culture ; élu à l'Académie française en 1691, il est aussi reçu à l'Académie des sciences en 1697 dont il devient le secrétaire perpétuel. [...]
[...] La polémique antireligieuse, implicite et tendancieuse, annonce l'œuvre de Voltaire. Bayle Pensées sur la comète Pierre Bayle (1647-1706) dénonce un préjugé séculaire selon lequel les comètes auraient une influence sur les hommes. U élargit son propos en s'attaquant avec prudence à la religion : il montre, par l'analyse de faits historiques, que l'athéisme est moins dangereux que l'idolâtrie. Il revendique une totale liberté d'opinion, jusque la négation du Dieu des religions révélées : les seuls fondements du jugement sont l'expérience et la raison. [...]
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