A sa parution en 1835, le 1er tome de De la démocratie en Amérique rencontre un vif succès. On peut l'expliquer par la nouveauté de la démarche de l'auteur : à l'époque, l'Europe ne se préoccupe guère des Etats-Unis, qui sont pourtant marqués par une nouvelle forme de démocratie. Ce 1er tome s'attache à décrire la démocratie américaine, et par extension les institutions qui l'encadrent.
Le 2e tome, en 1840, sera moins apprécié, peut-être par lassitude des lecteurs, ou par la plus grande austérité du sujet. Il se focalise sur l'influence de la démocratie sur les mœurs américaines...
[...] Tocqueville distingue deux types de centralisation : - la centralisation gouvernementale : pouvoir central qui dirige les intérêts communs (ex : Louis XIV, L'Etat, c'est moi - la centralisation administrative : pouvoir central qui dirige les intérêts spéciaux (forte en France, absente en Angleterre) La première est caractéristique des Etats-Unis (c'est l'Union, l'Etat fédéral), la deuxième y est absente et, selon Tocqueville, peu souhaitable. Par ailleurs, le principe de souveraineté du peuple est la loi des lois en Amérique (T.I, P1, chap. : il est reconnu par les mœurs, proclamé par les lois Tocqueville ajoute qu'il n'en va pas de même dans certaines nations européennes. Paradoxalement aux Etats-Unis, les lois les plus démocratiques sont appliquées dans les Etats les plus aristocratiques (ex : Maryland), car ils tentent de conserver la bienveillance du peuple. [...]
[...] Son étude est comparative, entre l'Amérique et l'Europe. Pour lui l'Europe et les Etats-Unis sont en effet inséparables, car les Américains sont un peuple ancien et éclairé (émigrés d'origine européenne) qui rencontre un pays nouveau (T.II, P1, chap.9). On sent un souci d'objectivité dans ses réflexions. Tocqueville cherche à dégager un modèle de son analyse des Etats-Unis : il part de l'exemple américain afin de présenter une théorie plus générale, ce qui n'a jamais été fait par ses contemporains. Plutôt que de donner une définition à la démocratie, il cherche à la comprendre par négation de l'aristocratie. [...]
[...] Par ailleurs le danger de la religion est d'être un frein aux évolutions (cf. les lobbies puritains aux Etats-Unis aujourd'hui). ( une égalisation et une moyennisation de la société à relativiser L'immigration n'a pas remis à zéro les connaissances : certains Européens possédaient un savoir. Par ailleurs une moyennisation trop poussée n'est pas souhaitable, car il faut toujours une élite pour gouverner (noblesse et élite ne sont pas forcément synonymes). En outre, Tocqueville voit une réduction des inégalités de plus en plus poussée et irréversible : le XXe siècle nous a montré qu'il se trompait. [...]
[...] De surcroît, la liberté de la presse est un élément capital de la liberté du peuple. Tocqueville, en tant que libéral, fait preuve d'un fort attachement à la liberté. Tocqueville analyse également le système des partis (T.I, P2, chap.2). Malgré l'existence de deux grands partis, le Parti fédéral et le Parti républicain, les fédéralistes ont toujours été en minorité et les Etats- Unis fourmillent de petits partis. Les grands partis bouleversent la société tandis que les petits partis l'agitent. L'auteur est peu favorable au suffrage universel qui s'étend dans la majorité des Etats : selon lui, le désir et le goût manquent à la démocratie pour choisir les hommes de mérite (T.I, P1, chap.5). [...]
[...] De la démocratie en Amérique Alexis de Tocqueville Alexis de Tocqueville (1805-1859), un personnage contradictoire A. de Tocqueville est issu de l'aristocratie normande. Il compte Malesherbes parmi ses ancêtres maternels, son père est un ultra sous la Restauration. Alexis prend le contre-pied en se ralliant à la Monarchie de Juillet : il prête serment au nouveau régime en 1830. Toutefois, il reste déchiré entre d'un côté l'aristocratie, son origine, et de l'autre côté la démocratie, un avenir inévitable selon lui. [...]
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