Culture, nature de l’homme, activités humaines, interférence humaine, état constitutif des choses
Nous avons, communément, pour habitude d'admettre que la culture, en tant qu'elle s'applique aux activités exclusivement humaines, s'oppose profondément à la nature, qui serait un état premier, originel dans lequel il n'y aurait aucune interférence humaine, aucune modification (le terme "nature" provenant étymologiquement du latin "natura", qui signifie "le fait de la naissance, état constitutif des choses"). En ce sens, il paraît évident que la culture, chez l'homme, désigne tout ce qui s'oppose à la nature, la modifie, l'adapte ou s'en éloigne. Néanmoins, si l'opposition entre les deux termes semble s'introduire sans équivoque, ne peut-on pas imaginer que, toujours chez l'homme, la culture représente autre chose que l'"anti-nature" ?
[...] Nous nous sommes jusqu'à présent efforcés de montrer que la culture, en tant qu'elle se définit par une émancipation de l'homme vis-à-vis de sa nature, était l'opposé, le contraire de la nature. Mais, néanmoins, puisque, comme nous l'avons déjà dit, la culture est exclusivement humaine, ne peut-on pas plutôt imaginer qu'elle ne soit en fait rien d'autre que la nature même de l'homme ? Si l'homme est par essence un être culturel, la culture ne peut-elle pas être considérée comme la nature humaine, plutôt que comme son contraire ? A cette question, paradoxalement, il nous faudra répondre par l'affirmative. [...]
[...] L'être humain, au contraire, apprend et évolue. Comme le disait Rousseau, ou Descartes dans ses Méditations Métaphysiques, il est doué d'un libre arbitre c'est-à-dire d'une liberté fondamentale vis-à-vis de son déterminisme naturel, qui lui permet de s'en libérer, d'agir autrement que suivant ce que lui dicte sa nature, et ainsi de fonder sa culture. De là vient que nous ne pourrions pas considérer qu'il existe une Histoire chez les fourmis, puisque, depuis toujours, les fourmis se comportent de la même manière, et une communauté de fourmi d'aujourd'hui se compose à l'identique qu'il y a des millénaires ; alors que l'homme perfectionne ses organisations, ses techniques, il évolue et ne vit pas de la même façon de siècle en siècle ; évolution qui ne serait pas envisageable si l'homme n'était que naturel et ne suivait que son instinct naturel et originel. [...]
[...] La culture est donc bien en ce sens, comme nous cherchions à la démontrer, l'opposé de la nature chez l'homme, puisqu'elle lui est un moyen de s'en déraciner, de s'en éloigner le plus possible, afin de dépasser toutes les contraintes, les limites et les faiblesses que lui imposait sa nature. Pour preuve de cette antinomie radicale que nous installons entre culture et nature, il nous faut admettre, comme l'expérience le prouve, que l'homme est seul à pouvoir s'émanciper de sa propre nature (ce qui est essentiel, car si l'animal était capable de créer une culture alors même qu'il est un être purement naturel, alors nous ne pourrions plus faire de distinction entre nature et culture). Pour quelles raisons ? [...]
[...] Finalement, nous avons vu suivant la dialectique, que, contrairement à l'opinion commune, la culture ne saurait totalement être considérée comme l'opposé de la nature, chez l'homme. Elle l'est en effet, puisqu'elle désigne l'adaptation, la modification de la nature par l'homme, son émancipation vis-à-vis d'elle et des contraintes qu'elle lui impose ; mais, néanmoins, en tant que l'homme est de manière innée et naturelle un être culturel, c'est-à-dire un être libéré de sa nature, contrairement à l'animal qui est uniquement guidé par la nature, alors la culture ne peut plus réellement être considérée, en ce sens, comme l'inverse de la nature pour l'homme, mais sa nature même. [...]
[...] La culture est-elle ce qui s'oppose à la nature chez l'homme ? Nous avons, communément, pour habitude d'admettre que la culture, en tant qu'elle s'applique aux activités exclusivement humaines, s'oppose profondément à la nature, qui serait un état premier, originel dans lequel il n'y aurait aucune interférence humaine, aucune modification (le terme "nature" provenant étymologiquement du latin "natura", qui signifie "le fait de la naissance, état constitutif des choses"). En ce sens, il paraît évident que la culture, chez l'homme, désigne tout ce qui s'oppose à la nature, la modifie, l'adapte ou s'en éloigne. [...]
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