christianisme, pensée politique, Nouveau Testament, enseignement du Christ, enseignement de Paul, lien avec Dieu, philosophie politique
On refuse souvent à la religion toute ingérence dans la politique. C'est oublier
l'étymologie ambivalente du mot « religion » : ou on la fait remonter à « relegere », terme dans lequel on retrouve la racine « loi », la religion donne donc aux hommes la loi sous laquelle ils vivent, ce qui n'est pas sans incidence politique ; ou le mot renvoie à « religare », avec sa racine « lien », la religion assure alors, outre le lien avec Dieu, le lien entre les hommes, le ciment social, et elle est d'essence politique. Marx lui-même, dont personne ne peut douter de l'athéisme, pense que la religion est une affaire trop sérieuse pour que la politique ne s'en occupe pas. La culture médiévale étant chrétienne, le christianisme joue un grand rôle dans la philosophie politique de cette époque.
[...] Devant des Juifs qui veulent le piéger sur l'impôt dû à Rome, le Christ a la réponse célèbre : Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu Face aux Romains pour qui chacun doit suivre les seules lois de la Cité, et aux Juifs pour qui c'est la loi de Dieu qui organise toute la société, le Christ distingue deux sociétés indépendantes, la première, civile, avec ses lois propres, la seconde, religieuse, régie par d'autres lois. Locke reprend cette distinction dans sa Lettre sur la tolérance. Une position subversive. La subversion est double. D'une paît, le Christ se proclame messie c'est-à-dire libérateur et les Juifs attendent un messie qui doit les libérer de l'occupation romaine. En proclamant mon Royaume n'est pas de ce monde il passe pour un usurpateur illuminé à leurs yeux. [...]
[...] Dans une Lettre ata Romains, Paul proclame : Il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu Bien avant Bossuet, une telle déclaration institue le pouvoir de droit divin : Dieu est Celui qui fonde le pouvoir politique, tout en laissant à ceux qui l'exercent la liberté dans leur gestion des affaires. Le chrétien se doit par conséquent d'accepter l'autorité politique en place puisqu'elle est voulue par Dieu. Une habileté politique ambiguë. [...]
[...] L'objectif de Paul est la propagation du christianisme. Il a conscience que les chrétiens, dont les valeurs sont à l'opposé de la culture romaine, peuvent représenter un danger pour les autorités politiques établies. En faisant de l'obéissance politique une obéissance religieuse, Paul peut espérer que les premiers chrétiens, peu nombreux, respecteront le pouvoir et assureront leur sécurité, condition impérative pour que le christianisme puisse se répandre. Toutefois, cette position n'a rien du conservatisme politique, encore moins de la pusillanimité, car elle démythifie le statut du dieuempereur ; César n'est qu'un homme qui reçoit son pouvoir de Dieu, il n'est plus de nature divine ; cette démythification est une des causes de la persécution des chrétiens. [...]
[...] Le christianisme et la pensée politique On refuse souvent à la religion toute ingérence dans la politique. C'est oublier l'étymologie ambivalente du mot religion : ou on la fait remonter à relegere terme dans lequel on retrouve la racine loi la religion donne donc aux hommes la loi sous laquelle ils vivent, ce qui n'est pas sans incidence politique ; ou le mot renvoie à religare avec sa racine lien la religion assure alors, outre le lien avec Dieu, le lien entre les hommes, le ciment social, et elle est d'essence politique. [...]
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