Le sens le plus ordinaire que nous donnons à la liberté est de l'identifier au libre-arbitre, c'est-à-dire à la faculté par laquelle l'être humain est supposé pouvoir se déterminer à agir indépendamment des causes ou des motifs qui pèsent sur sa volonté. Elle est en nous la faculté de trancher en dehors de toute détermination extérieure ou étrangère à notre volonté. Un être sera dit libre s'il est capable d'agir dans l'indifférence des raisons ou des causes qui pèsent sur sa volonté. On présuppose en ce sens que seul l'être humain est véritablement libre, étant le seul à posséder cette faculté de choisir. On donne encore à cette faculté d'agir en se soustrayant au déterminisme de causes antécédentes le nom de volonté. Certains, comme Descartes, ont pensé que les raisons que notre entendement nous fait entrevoir en faveur de telle ou telle action ne sont pas des motifs qui limitent notre volonté, mais au contraire des raisons qui la soutiennent et la renforcent (...)
[...] Cette dernière idée, si évidente qu'elle paraisse, est pourtant contestée par l'anthropologie qui prétend pouvoir identifier un certains nombre d'invariants appartenant à la classe des conditions de possibilité de tout bonheur humain. Ces traits universels du bonheur humains sont décrits comme des conditions nécessaires mais pas suffisantes, au nombre desquelles on compte le besoin universel de reconnaissance, d'amour, d'homéostasie, de ne pas être dépossédé de sa personne, d'être traité avec dignité et respect, de se sentir appartenir à une ensemble symbolique collectif, etc. [...]
[...] La volonté est donc en général une sorte de causalité qui appartient aux être vivants en tant qu'ils sont raisonnables, et la liberté est la propriété qu'à cette causalité de pouvoir déclencher une action sous l'influence des raisons qui l'inclinent ou l'encouragent à agir d'une certaine manière et pas d'une autre, mais indépendamment des causes qui la déterminent. On considèrera traditionnellement que les passions humaines sont des causes qui contredisent notre liberté en nous soumettant à la tyrannie des humeurs de notre nature corporelle. Etre libre, dans ce cas, sera assimilé à la maîtrise de soi, qui consiste à soumettre par sa volonté les élans de nos passions à l'autorité de la raison. [...]
[...] Un individu qui ne serait pas entravé dans ou privé de la jouissance des conditions de réalisation de sa nature peut être décrit, en un sens non exhaustif, d'heureux au sens où il serait en mesure de jouir du fait d'être lui-même, où il aurait un rapport confiant et volontaire à son environnement extérieur et où le système symbolique collectif qu'il aurait intériorisé fournirait un fondement solide à existence. D'un point de vue anthropologique, le bonheur peut donc se définir comme la phase de succès du système immuno-symbolique et immuno-organique d'un individu, c'est-à- dire comme l'ensemble des paramètres symboliques et matériels de défense et d'équilibre qui permettent à un individu de participer avec efficacité, fierté et aisance à son milieu naturel et social. Théories : Kant et l'idéal de l'imagination ; Descartes et le contentement, Nietzsche et la joie ; Mill et la distinction bonheur-plaisir. [...]
[...] Essentiellement défini ici à partir de la notion de plaisir, certains ont toutefois considéré qu'il était faux de l'assimiler à un pur et simple état de plaisir. Le plaisir en effet est une sensation positive momentanée qu'on appelle agrément Il est ressenti lorsque l'un ou plusieurs de nos cinq sens sont excités d'une façon qui soit agréable au sujet. Le bonheur, quant à lui, est un état stable et durable de satisfaction reconnu comme tel par le sujet ; état stable et durable de satisfaction non pas seulement au sens où nous ferions l'expérience d'un plaisir prolongé, mais au sens où une attitude réflexive sur nous-même nous fait juger que notre vie en général est satisfaisante. [...]
[...] Sauf cette dernière définition de la liberté, toutes les autres présupposent l'existence en l'homme d'une faculté de se déterminer à agir sans causes, c'est-à-dire l'existence en l'homme d'une volonté libre ou d'un libre-arbitre. Si l'on considère que cette faculté est une croyance infondée, la liberté prend alors un tout autre sens. On peut la caractériser d'une part comme un mouvement de libération, c'est-à-dire comme le fait de se libérer du poids de certains déterminismes qui étaient à l'origine d'un sentiment de gêne ou d'une souffrance : une famille trop oppressive, une entreprise exploiteuse, un mari maladivement jaloux, un traumatisme de la petite enfance, une époque décadente, etc. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture